Cinq femmes australiennes ont obtenu le droit de poursuivre Qatar Airways après avoir subi des fouilles corporelles invasives à l'aéroport de Doha. Cette décision fait suite à un appel, après qu'elles aient été retirées d'un vol en 2020, suite à la découverte d'un bébé abandonné dans une poubelle de l'aéroport. Cet incident a provoqué une indignation mondiale.
Un juge australien avait précédemment statué que la compagnie aérienne, détenue par l'État, ne pouvait pas être poursuivie selon les lois régissant le voyage international. Il avait jugé que l'idée que son personnel aurait pu intervenir était "fanciful" et "improbable". Cependant, les femmes ont fait appel, et la cour fédérale a reconnu que le juge avait commis une erreur en rejetant l'affaire.
Les cinq femmes ont déposé une plainte en 2021 contre Qatar Airways, l'Autorité de l'aviation civile du Qatar et l'opérateur de l'aéroport international de Hamad, la société Matar. Elles réclament des dommages-intérêts pour ce qu'elles qualifient de contact physique illégal et d'emprisonnement illégal, causant des impacts sur leur santé mentale, notamment de la dépression et un trouble de stress post-traumatique.
Malgré cela, les trois parties défenderesses ont tenté de faire annuler l'affaire avant le procès. En avril 2024, le juge John Halley a déclaré que Qatar Airways ne pouvait pas être tenu responsable en vertu d'un traité multilatéral, la Convention de Montréal, qui établit la responsabilité des compagnies aériennes en cas de décès ou de blessure des passagers.
Le juge Halley a également estimé que même si la compagnie aérienne pouvait être poursuivie, l'affaire des femmes n'avait pas de chance de succès. Il a noté que le personnel de Qatar Airways n'avait pas influencé les actions de la police qatarie qui a retiré les femmes de l'avion. De plus, il a rejeté la plainte contre le régulateur de l'aviation du Qatar, affirmant qu'il était immunisé contre les poursuites étrangères.
Cependant, les juges Angus Stewart, Debra Mortimer et James Stellios ont trouvé que le juge principal avait pris des décisions sur des questions qui ne pouvaient être tranchées qu'au procès. Ils ont confirmé la décision de rejeter l'affaire contre le régulateur, mais ont accordé aux plaignantes le droit de poursuivre Qatar Airways et Matar.
Les femmes ont exprimé leur traumatisme suite à cet incident. L'une d'elles a déclaré : "Je me suis senti comme si j'avais été violée", tandis qu'une autre a pensé qu'elle était enlevée. Leurs témoignages mettent en lumière l'absence de consentement et de clarté durant ces examens.
Leur avocat, Damian Sturzaker, a souligné que ses clientes méritaient d'être entendues en justice et de recevoir une compensation pour leurs souffrances. Les femmes ont également demandé des excuses formelles de la part du Qatar et des changements dans les procédures de l'aéroport pour éviter que de tels incidents ne se reproduisent.
Cette affaire met en lumière des questions cruciales concernant les droits des passagers et la responsabilité des compagnies aériennes. Les femmes australiennes, en cherchant justice, espèrent également susciter des changements significatifs dans les pratiques aéroportuaires. Leur combat est loin d'être terminé, et l'attente d'un procès pourrait offrir une plateforme pour discuter de ces enjeux importants.