En 2024, 28 % des postes des instances dirigeantes des entreprises du CAC 40 étaient occupés par des femmes, soit une augmentation de 2 points par rapport à l'année précédente. Cette évolution témoigne d'un progrès significatif dans la mixité au sein des grandes entreprises françaises.
Cette avancée est le résultat direct de la loi Rixain, qui impose des quotas de femmes dans les postes de direction des entreprises de plus de 1 000 salariés. D'ici mars 2026, 30 % des postes doivent être occupés par des femmes, et 40 % d'ici mars 2029. Selon Michel Ferrary, chercheur à l'école de commerce Skema, cette loi est unique en son genre dans les pays occidentaux.
Depuis l'adoption de la loi Rixain en 2021, la proportion de femmes dans les comités exécutifs des entreprises du CAC 40 a augmenté de plus de 8 points. Les entreprises n'ont pas simplement remplacé des hommes par des femmes, mais ont plutôt ajouté des postes. En 2024, le nombre total de postes dans ces instances a augmenté de 15, tandis que ceux occupés par des femmes ont crû de 16.
Cependant, il est crucial d'examiner si les femmes nommées occupent des postes de même importance que leurs homologues masculins. Par exemple, une directrice de la communication n'a pas les mêmes responsabilités qu'un directeur financier, ce qui soulève des questions sur la véritable égalité au sein des instances dirigeantes.
En 2022, une étude menée par Michel Ferrary et Stéphane Déo a révélé une corrélation entre la diversité de genre dans le management intermédiaire et la rentabilité des entreprises. Les résultats indiquent que la marge nette et l'Ebitda augmentent lorsque la proportion de femmes approche des 50 %, mais chutent au-delà.
Une mixité déséquilibrée, qu'il s'agisse d'une majorité d'hommes ou de femmes, peut nuire à la rentabilité de l'entreprise. Pour l'édition 2025 de son rapport, Ferrary a également exploré le lien entre la féminisation des entreprises et la gestion de leur responsabilité sociétale et environnementale (RSE), notant que plus la direction est féminisée, meilleure est la gestion des risques environnementaux et sociaux.
En janvier, Patrick Martin, président du Medef, a exprimé ses préoccupations concernant l'application des premiers quotas de la loi Rixain. Il a souligné que certains secteurs, comme le bâtiment, sont traditionnellement genrés, rendant difficile la féminisation des comités de direction. Il a également fait référence à la loi Copé-Zimmerman de 2011, qui a instauré des quotas dans les conseils d'administration, largement respectés aujourd'hui.
Le débat sur la mixité dans les entreprises est donc très actuel. Certaines entreprises, comme Accenture et Walmart, réévaluent leur politique de diversité, tandis que d'autres, comme JPMorgan, continuent de la soutenir, la considérant comme un facteur de performance.
La féminisation des instances dirigeantes des entreprises du CAC 40 progresse, mais des défis subsistent. La loi Rixain a été un catalyseur important, mais il reste à voir si cette tendance se maintiendra. Les entreprises doivent continuer à œuvrer pour une véritable égalité de genre, tant dans les postes que dans les responsabilités.