
Le cinéaste allemand d'origine turque Fatih Akin surprend avec son dernier film, « Une enfance allemande ». Après avoir exploré divers genres, il aborde ici un sujet rarement traité : les sentiments des Allemands soutenant Hitler à la fin du IIIe Reich. Ce film, sorti en salles après sa présentation à Cannes, offre une perspective unique sur cette période.
Le film se déroule sur l'île isolée d'Amrum, au nord-ouest de l'Allemagne. Ce cadre, hors du temps, est habité par des pêcheurs et agriculteurs qui aspirent à la fin de la guerre. Les habitants, majoritairement des femmes, ne soutiennent pas le régime nazi, à l'exception de quelques individus, dont le jeune Nanning, âgé de 12 ans, membre des Jeunesses Hitlériennes.
Nanning, cependant, est plus préoccupé par sa vie quotidienne que par la politique. Son père est au front et sa mère, déjà débordée par ses responsabilités, souffre des restrictions de guerre. Il cherche à apporter du réconfort à sa famille en dénichant des provisions, notamment du pain et du miel, pour réaliser le rêve de sa mère.
L'histoire de ce film s'inspire de l'enfance de Hark Bohm, ami et mentor de Fatih Akin. Bien qu'il ait initialement prévu d'adapter son récit en film, la maladie l'en a empêché. Il a donc confié ce projet à Akin, qui a su capturer l'essence de cette enfance à travers sa vision artistique.
Pour donner vie à cette histoire, Akin a passé cinq semaines à tourner sur l'île d'Amrum. Les paysages époustouflants servent de toile de fond à un récit qui évoque la quête initiatique d'un enfant face aux horreurs de la guerre et aux défis de la survie.
Le casting de « Une enfance allemande » est exceptionnel. Diane Kruger, dans un rôle secondaire mais essentiel, incarne une agricultrice qui exprime son ras-le-bol face au régime. Elle a même appris le frison pour son personnage, ajoutant une dimension authentique à son interprétation.
Cependant, c'est Jasper Billerbeck, dans le rôle de Nanning, qui capte véritablement l'attention. Sa performance, bien que ce soit sa première apparition à l'écran, est saisissante. Son regard inquiet transmet les émotions d'un peuple en détresse, rendant hommage à l'enfance de Hark Bohm.
Avec « Une enfance allemande », Fatih Akin réussit un tour de force en 1h33. Ce film aborde des thèmes universels comme la culpabilité collective, la survie et la condition des réfugiés, tout en offrant une vision poignante de l'enfance en temps de guerre. Une œuvre qui marquera les esprits par sa profondeur et son esthétique.