Guerre en Ukraine : Navires indétectables, mission de sabotage… Que cache la « flotte fantôme » russe ?
Introduction
La Russie déploie des navires difficiles à détecter pour soutenir son effort de guerre contre l'Ukraine. Trois ans après le début du conflit, Moscou utilise des techniques pour contourner les sanctions européennes. Sa flotte « fantôme » de pétroliers sillonne les mers, en dépit des restrictions imposées par l'Union européenne.
Qu'est-ce que la « flotte fantôme » ?
Dès le début de la guerre en février 2022, Vladimir Poutine a chargé Igor Setchine, un ancien membre du renseignement militaire soviétique et PDG de Rosneft, d'acheter des navires d'occasion. L'objectif est de constituer une flotte de bateaux vétustes et non immatriculés pour opérer sans être détectés, d'où le terme de flotte « fantôme ».
Moscou cherche à éviter les sanctions européennes sur son pétrole, comme l'embargo et le prix plafond. Cette méthode a été utilisée par le Venezuela et l'Iran, deux pays également ciblés par des sanctions similaires.
Des bateaux indétectables
Ces navires sont non immatriculés, sans assurances occidentales ni équipages reconnus. Ils ne sont pas visibles pour le reste du monde. Pour opérer en toute opacité, ils changent régulièrement de mandataires et utilisent des pavillons de complaisance. Dans certains cas, ils maquillent leurs données GPS.
Selon le site Politico, 92 de ces navires appartiennent à la société SUN Ship Management Ltd, basée à Dubaï. Cependant, il est possible que cette société soit une société-écran, une autre technique privilégiée par la Russie.
Les missions de la flotte
En haute mer, ces navires réalisent des transferts de pétrole pour alimenter leurs réseaux de distribution. Pour plus de discrétion, les tankers étrangers désactivent leur système d'identification automatique (AIS) pour éviter d'être localisés, prétextant des pannes.
La Chine, l'Inde et la Turquie sont les principaux destinataires de ce marché de contrebande. Selon l'École d'économie de Kiev, le volume de pétrole russe transporté par ces pétroliers fantômes aurait atteint 4,1 millions de barils par jour en juin 2024.
Combien de navires ?
Pour constituer une telle flotte, la Russie aurait investi près de 10 milliards de dollars. L'Union européenne a déjà ciblé 345 navires avec des sanctions. Toutefois, l'École d'économie de Kiev évoque près de 430 navires identifiés à l'échelle mondiale.
Une étude de S&P Global pour Lloyd’s List mentionne même 591 pétroliers fantômes, représentant 10 % des navires de ce type à l'international. Le journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung recense près de 2 000 navires, incluant tous types d'embarcation.
Conclusion
La flotte fantôme de la Russie représente une menace bien réelle. Elle ne se limite pas à l'approvisionnement en hydrocarbures, mais peut également transporter des céréales et des armes. De plus, sa présence dans les eaux internationales permet de tester les défenses occidentales. Une menace qui, loin d'être « fantôme », est de plus en plus tangible.
