Un fonds d'investissement de 5 milliards de dollars créé sous la direction de Mark Carney chez Brookfield Asset Management a été enregistré dans le paradis fiscal des Îles Caïmans. Cette information a été révélée par Radio-Canada, soulevant des questions sur l'utilisation des paradis fiscaux par les entreprises d'investissement.
En plus de ce fonds, deux autres fonds totalisant 25 milliards de dollars ont été enregistrés aux Bermudes, un autre paradis fiscal, durant la période où Carney dirigeait l'entreprise de 2020 à 2025. Dans les trois cas, ces structures sont légales et respectent les normes fiscales internationales.
Ces structures garantissent également que les investisseurs canadiens paient des taxes sur les bénéfices de leurs investissements au Canada, plutôt que dans des pays étrangers. Brookfield a refusé de répondre aux questions concernant l'utilisation de ces paradis fiscaux pour structurer ses fonds.
Les partis politiques d'opposition ont exprimé des préoccupations quant à l'utilisation des paradis fiscaux par Brookfield, soulevant des questions sur les activités de Carney dans le secteur privé. Ils s'interrogent également sur sa gestion potentielle des questions fiscales si le Parti libéral du Canada remportait les élections du 28 avril.
Le leader libéral a justifié l'enregistrement des fonds en disant qu'il s'agissait d'une question d'efficacité, et non d'évasion fiscale. Il a expliqué que les fonds sont structurés pour que les taxes soient payées de manière appropriée par les entités canadiennes.
Le fonds enregistré aux Îles Caïmans, intitulé Catalytic Transition Fund, a été lancé en 2024 avec pour objectif d'investir 5 milliards de dollars dans le domaine des énergies propres et des actifs de transition. Contrairement aux autres fonds, celui-ci vise spécifiquement les projets situés dans les marchés émergents.
Le premier investisseur de ce fonds était Altérra, financé par les Émirats Arabes Unis, et présenté comme le plus grand fonds d'investissement climatique privé. D'autres investisseurs, comme la Caisse de dépôt et placement du Québec, ont également rejoint l'initiative.
Jean-Pierre Vidal, expert fiscal et professeur à HEC Montréal, souligne que l'utilisation des paradis fiscaux est souvent mal comprise. Il explique que, pour le Canada, ces paradis permettent aux entreprises de réduire les impôts payés à l'étranger et d'augmenter les taxes dans leur pays d'origine.
Vidal précise que des juridictions avec des niveaux d'imposition faibles ou minimes aident des entreprises comme Brookfield à réduire leurs coûts. Il affirme que ces structures fiscales permettent effectivement de réaliser des bénéfices, ce qu'il appelle efficacité.
Le Parti conservateur a soulevé des conflits d'intérêts potentiels liés à l'expérience de Carney chez Brookfield, qui est très actif dans le domaine des énergies renouvelables. Les conservateurs critiquent également le fait que Carney n'ait pas divulgué les actifs placés dans un trust aveugle lors de sa prise de fonction comme leader libéral.
Le leader du NPD a promis de mettre fin aux accords fiscaux entre le Canada et des juridictions comme les Bermudes, soulignant que le pays perd des milliards en raison de l'évasion fiscale. De son côté, le leader du Bloc Québécois a appelé Carney à révéler ses actifs étrangers.
La situation de Mark Carney et l'utilisation des paradis fiscaux par Brookfield soulèvent des questions importantes sur la transparence fiscale et l'éthique des dirigeants d'entreprise. Alors que les élections approchent, ces enjeux pourraient influencer les débats politiques et les perceptions publiques des candidats.