Le coût d'un détenu en France suscite des débats. Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a récemment annoncé son intention de modifier la loi pour que les détenus contribuent aux frais d’incarcération. Avec un budget de 10 millions d’euros par jour pour le fonctionnement des prisons, cette initiative vise à alléger le fardeau financier de l'État.
Selon un rapport de la Cour des comptes d’octobre 2023, le coût moyen d'une journée d'incarcération s'élève à 105 euros par détenu. En avril 2025, la France comptait environ 81 600 personnes incarcérées, générant un budget quotidien de 8,5 millions d’euros. Ce coût comprend le logement et la nourriture des détenus, mais la masse salariale des surveillants représente la majeure partie des dépenses.
Les coûts varient selon les établissements. Dans les maisons d'arrêt surpeuplées, le nombre limité de surveillants entraîne un coût par détenu inférieur. Melchior Simioni, spécialiste de l’économie carcérale, souligne que cette disparité doit être prise en compte lors de l'évaluation des coûts globaux.
Gérald Darmanin souhaite réintroduire des frais d’incarcération, un système abrogé en 2003. Ce dispositif imposait aux détenus de contribuer à leurs frais d'entretien en fonction de leur travail. Cependant, seulement 30 % de la population carcérale a accès à un emploi rémunéré, rendant cette mesure peu efficace, d’après l’OIP.
La proposition de loi a suscité des réactions. Éric Pauget, député LR, a déjà suggéré une participation financière des détenus. Il estime qu'une contribution de 5 euros par jour pourrait générer des revenus significatifs pour l'État, notamment pour financer des infrastructures pénitentiaires.
Actuellement, les personnes en détention préventive et les indigents, ceux ayant moins de 50 euros par mois, seraient exclus du dispositif proposé. Ces derniers représentent environ 20 % de la population carcérale. L’OIP a exprimé des inquiétudes concernant cette proposition, soulignant la précarité des détenus.
De plus, la plupart des détenus sont sans emploi avant leur incarcération, et beaucoup vivent dans des conditions précaires. L’OIP rappelle que la détention entraîne des coûts supplémentaires pour les détenus, comme la location de télévision et l'accès au téléphone, ce qui complique encore leur situation financière.
Le débat sur les frais d’incarcération en France soulève des questions complexes sur la responsabilité financière des détenus. Alors que le ministre de la Justice propose des changements, il est essentiel de considérer les réalités économiques des personnes incarcérées. La discussion continue, et les futurs débats parlementaires seront cruciaux pour déterminer la faisabilité de ces mesures.