Les dénonciations de fraude dans la passation de marchés publics ont augmenté de 87 % depuis 2019. Cependant, ce chiffre reste faible par rapport au volume d'opérations. En effet, très peu de cas sont investigués et pratiquement aucun ne se termine par une procédure judiciaire. C'est ce que révèle le dernier rapport de l'Office Indépendant de Régulation et de Supervision de la Contratation (OIReScon).
Ce rapport, qui dépend du Ministère des Finances, souligne les faiblesses des systèmes de contrôle face aux pratiques corrompues. Des allégations de pots-de-vin dans l'attribution de marchés publics ont été mises en lumière, impliquant des personnalités politiques notables. Ces données mettent en évidence la nécessité d'une vigilance accrue dans la gestion des fonds publics.
Entre 2019 et 2023, les dénonciations liées à la passation de marchés publics sont passées de 118 à 221. Parmi celles-ci, les cas de pratiques corrompues, comme le trafic d'influence et les conflits d'intérêts, ont augmenté de 53 %. En revanche, les irrégularités dans les attributions ont explosé de 260 %, passant de 20 à 72. Ces chiffres, bien que préoccupants, restent dérisoires comparés au volume des licitations annuelles.
En 2023, les dépenses en marchés publics ont atteint 11,5 % du Produit Intérieur Brut (PIB). Cela représente 24,9 % de l'ensemble des dépenses publiques. Ces données, fournies par Eurostat, soulignent l'importance économique de la passation de marchés publics et la nécessité d'initiatives pour prévenir la corruption.
Sur les 221 communications reçues en 2023, seulement 90 ont entraîné l'ouverture d'une enquête par les autorités antifraude. Cela signifie que moins de la moitié des dénonciations sont prises au sérieux. À la fin de l'exercice, 131 cas restaient sans suite. En conséquence, seuls quatre des dix cas signalés ont fait l'objet d'une enquête.
De plus, aucune des 90 enquêtes n'a été transférée à la Fiscalité pour des poursuites judiciaires. L'OIReScon souligne que 54,3 % des cas de passation de marchés publics sont encore en cours de traitement, ce qui est significatif par rapport à d'autres domaines. Ce retard peut être attribué à un manque de ressources humaines et matérielles.
La Commission Nationale des Marchés et de la Concurrence (CNMC) considère que les dénonciations restent insuffisantes. Actuellement, une consultation publique est en cours pour encourager les administrations à signaler les pratiques anticompetitives des entreprises. Le coût potentiel de ces pratiques sur les finances publiques est élevé, représentant 11,5 % du PIB.
Les actions judiciaires initiées par le secteur privé ont considérablement augmenté ces dernières années. En revanche, celles provenant de l'administration restent rares. Cela soulève des questions sur l'efficacité des mécanismes de contrôle existants.
La situation suscite des préoccupations à Bruxelles. La Commission Européenne a récemment décidé de porter l'Espagne devant le Tribunal de Justice de l'Union Européenne (TJUE) pour non-respect des normes communautaires en matière de passation de marchés publics. La Commission surveille de près le taux de concurrence dans les appels d'offres.
Plus de 40 % des marchés publics en Espagne n'ont qu'un seul soumissionnaire, ce qui est bien au-dessus du seuil de 20 % recommandé. La CNMC a déjà signalé que le système espagnol présente un marge d'amélioration en matière de concurrence. Des procédures ouvertes et transparentes pourraient réduire les coûts et diminuer le risque de corruption.
En résumé, malgré une augmentation des dénonciations de fraude dans la passation de marchés publics, le système de contrôle reste insuffisant. Les enquêtes sont rares et peu de cas aboutissent à des actions judiciaires. Il est crucial que les autorités renforcent leurs efforts pour lutter contre la corruption et améliorer la transparence dans les processus de passation de marchés.