
Dans un contexte de cessez-le-feu encore fragile, les habitants de Gaza commencent à faire des pas timides vers la reconstruction. Des bulldozers dégagent les routes, tandis que des montagnes de débris et de métal tordu bordent les côtés, témoignant de la destruction des quartiers autrefois animés. Certaines parties de la ville de Gaza sont méconnaissables.
Abu Iyad Hamdouna, 63 ans, se tient devant ce qui était sa maison dans le quartier de Sheikh Radwan. "Il n'y a plus de maison", déclare-t-il, visiblement épuisé et résigné. "À ce rythme, je pense que cela prendra 10 ans." Les dégâts sont si vastes que la communauté se demande par où commencer.
Selon les estimations de l'ONU, les dommages s'élèvent à 53 milliards de livres sterling (70 milliards de dollars). Près de 300 000 maisons et appartements ont été endommagés ou détruits. La bande de Gaza est couverte de 60 millions de tonnes de décombres, mêlées à des bombes non explosées et à des corps.
Dans ce contexte de destruction, les idées de reconstruction abondent, mais les habitants de Gaza sont sceptiques quant aux plans élaborés à l'étranger. Yahya al-Sarraj, maire de Gaza, affirme qu'ils ont leur propre plan, appelé "Phoenix de Gaza". "Nous voulons remplir le vide", déclare Yara Salem, spécialiste des infrastructures. Ce plan a été élaboré par une coalition d'experts palestiniens et vise à protéger l'infrastructure existante.
En contraste, le plan "Gaza Riviera", proposé par Donald Trump, présente une vision futuriste mais controversée. Ce projet, qui évoque des villes modernes et des investissements massifs, a suscité des critiques et des doutes quant à sa faisabilité.
Les habitants comme Nihad al-Madhoun, 43 ans, fouillent les décombres à la recherche de matériaux. "Nous n'avons pas d'autre option", dit-il. La reconstruction sera un processus long et difficile. Les efforts pourraient prendre des décennies, et la communauté doit vivre dans les zones endommagées tout en reconstruisant.
Le ministre de la planification de l'Autorité palestinienne, Estephan Salameh, souligne la nécessité de préserver l'identité des réfugiés. "Nous devons conserver l'âme et l'esprit de Gaza", déclare-t-il, insistant sur l'importance de reconstruire les camps de réfugiés.
La reconstruction dépendra également des arrangements politiques et de la sécurité. Les donateurs internationaux exigent un plan clair avant de s'engager financièrement. Un sommet de reconstruction est prévu, mais la date n'est pas encore fixée. Les obstacles politiques sont considérables, notamment l'opposition de l'actuel gouvernement israélien à la création d'un État palestinien.
Abu Iyad Hamdouna exprime des préoccupations immédiates. "Reconstruction ? Que dire de l'eau ?", s'interroge-t-il. Après avoir été déplacé à plusieurs reprises, il se contente de trouver un abri, sans attendre que le plan Phoenix ou la Riviera de Gaza prennent forme.
La reconstruction de Gaza est un défi colossal, mêlant des visions diverses et des obstacles politiques majeurs. Les habitants, tout en espérant un avenir meilleur, doivent faire face à des réalités difficiles. La route vers la récupération sera longue et semée d'embûches, mais la détermination des Gazaouis à reconstruire leur vie demeure intacte.