Salman Abu Sitta, réfugié de la Nakba : "L'histoire du monde n'a jamais vu une telle barbarie qu'à Gaza"
Introduction
Salman Abu Sitta, un ingénieur et historien palestinien, a consacré sa vie à documenter le déplacement des Palestiniens depuis la Nakba en 1948. Ce terme désigne l'expulsion massive des Palestiniens de ce qui est aujourd'hui Israël. Abu Sitta est le fondateur de la Palestine Land Society, une ONG reconnue par l'ONU, qui œuvre pour le retour des réfugiés palestiniens.
Les souvenirs de la Nakba
Né près du Negev en 1937, Abu Sitta se souvient des événements tragiques de la Nakba. Il évoque l'arrivée de personnes inconnues, les attaques avec des véhicules blindés, et la destruction de sa maison et de l'école construite par son père. En 1948, 560 villes ont été dépeuplées, transformant des milliers de Palestiniens en réfugiés.
Ce souvenir marquant a été consigné dans ses mémoires, Mapping my return. Pour lui, ce jour-là a marqué le début de sa vie en tant que réfugié, un statut qui perdure depuis des générations.
Le droit au retour
Le droit au retour des Palestiniens signifie leur droit de revenir sur leurs terres d'origine, malgré des décennies d'expulsion. Selon le droit international, ce droit doit être respecté. Abu Sitta a découvert que 80 % de la population israélienne vit sur seulement 10 % du territoire, principalement dans des villes comme Tel Aviv et Jérusalem.
Il souligne que le retour des Palestiniens n'affecterait pas la majorité de la population juive, car la plupart des terres sont largement inoccupées.
Perspectives sur la situation actuelle
Abu Sitta estime que le sionisme est en guerre avec les Palestiniens, et que toute solution future nécessite son abolition. Il observe que de nombreux projets coloniaux ont échoué dans l'histoire, et que ce qui est imposé par la force est voué à l'échec. La résistance des Gazaouis, après 500 jours d'attaques, en est un exemple frappant.
Il ajoute que la mise en œuvre du droit au retour pourrait apporter des bénéfices économiques à la région. Cependant, les débats actuels, notamment ceux de Benjamin Netanyahu, visent à occuper Gaza de manière permanente, ce qui soulève des inquiétudes.
Les changements parmi les Israéliens
Abu Sitta note un changement de mentalité parmi certains Israéliens qui rejettent le sionisme. Beaucoup affirment qu'ils ne se considèrent pas comme sionistes et s'opposent à la politique israélienne. Cela est corroboré par des données qui montrent un nombre croissant d'Israéliens quittant le pays, non pas par sympathie pour les Palestiniens, mais parce qu'ils réalisent que la situation n'est pas durable.
Il met en garde contre le fait qu'Israël est en train de se construire un historique de crimes de guerre, soutenu par les États-Unis, alors que le monde observe un silence inquiétant face à la barbarie en cours à Gaza.
La reconstruction de Gaza
Concernant la reconstruction de Gaza, Abu Sitta affirme que son organisation invite chaque année 50 étudiants à proposer des projets. Ils ont déjà conçu 60 villages. Il croit fermement que le sionisme doit disparaître pour que la paix soit possible, tout comme cela a été le cas en Afrique du Sud et en Algérie.
Il souligne que la communauté internationale doit agir pour éviter un effondrement de l'ordre mondial face à l'agression israélienne. Le silence des dirigeants arabes est particulièrement douloureux pour lui, car il pourrait avoir des conséquences à long terme.
Réflexions sur la solution à deux États
Abu Sitta considère la solution à deux États comme un euphémisme pour la destruction de la Palestine. Il pose des questions cruciales sur la délimitation des frontières et la restitution des terres occupées. Pour lui, cette approche semble irréaliste et ne répond pas aux véritables besoins des Palestiniens.
Il appelle à une réflexion plus profonde sur la situation actuelle et sur les véritables solutions qui pourraient émerger du dialogue et de la justice.
Conclusion
La vie et le travail de Salman Abu Sitta illustrent les défis auxquels sont confrontés les Palestiniens. Son engagement pour le droit au retour et la justice est un appel à l'action pour la communauté internationale. Les souvenirs de la Nakba et les luttes actuelles rappellent l'importance d'une résolution juste et durable du conflit.
