À 19h30, comme chaque veille de mois du calendrier juif, les partisans du mouvement des Fidèles du Temple commençaient leur marche autour de l'Esplanade des Mosquées. Plusieurs centaines d'extrémistes défilaient dans les rues de la vieille Jérusalem, protégés par des dizaines de policiers israéliens.
À l'avant, se trouvaient les gardiens du Temple, brandissant des drapeaux bleus ornés d'une représentation du soi-disant Troisième Temple. À intervalles réguliers, ils faisaient sonner le shofar, un instrument traditionnel utilisé pour rappeler les traditions de l'époque à laquelle ils aspiraient revenir.
Parmi les participants se trouvait le rabbin de Yitzhar, David Dudketvich, considéré comme le père spirituel des jeunes des collines, des commandos paramilitaires radicaux basés en Cisjordanie. Un autre personnage clé, Itamar Ben Gvir, jouait un rôle politique déterminant dans cette dynamique.
En avril 2005, les extrémistes protestaient contre le plan de démantèlement des colonies de Gaza approuvé par le Premier ministre israélien de l'époque, Ariel Sharon. Ils anticipaient également un virage vers le fondamentalisme qui commençait à s'installer dans la société israélienne.
Ben Gvir avait déclaré que "la véritable lutte contre l'État avait commencé", affirmant que "l'État d'Israël n'existait pas". Un des radicaux, Efrain Segal, m'a expliqué que Sharon était "un opportuniste allié à la gauche", insinuant que l'État s'effondrait.
Quelques jours plus tard, Yosi Dayan, un autre rabbin, a clairement exprimé que son objectif, ainsi que celui des extrémistes, était d'instaurer une théocratie juive. Il affirmait que "créer un État juif et démocratique n'était pas compatible".
Dayan ne craignait pas de promouvoir une guerre civile entre juifs, déclarant que parfois, "il est nécessaire d'amputer un bras pour sauver le reste du corps". Son domicile à Pesagot reflétait cette idéologie, rempli de livres glorifiant des figures extrêmes.
Vingt ans après, les Israéliens protestent à nouveau contre le plan du gouvernement concernant Gaza. En 2005, la décision d'évacuer les colonies a provoqué de vives tensions et des manifestations de milliers d'extrémistes.
Le principal conseiller de Sharon avait clairement indiqué que l'objectif du plan de Gaza était d'éviter la création d'un État palestinien. Deux décennies plus tard, Netanyahu tente de reprendre le contrôle de Gaza, s'inscrivant dans la continuité d'une idéologie radicale.
Le Premier ministre actuel a approuvé un plan pour occuper 25 % de la Franja de Gaza encore sous contrôle palestinien. Cette offensive pourrait entraîner l'expulsion de près de 800 000 Palestiniens de Gaza, aggravant encore la situation humanitaire.
Cette décision, malgré l'opposition de certains militaires, pourrait marquer le climax d'un génocide en cours. Des experts et ONG ont dénoncé cette situation, affirmant que les actions du gouvernement israélien sont des crimes de guerre.
Comme l'a souligné un éditorial de Haaretz, le plan de Netanyahu pourrait mener à la destruction totale de Gaza et à celle des fondements moraux d'Israël. La situation est critique, et ceux qui prennent les décisions doivent prendre conscience de leur implication dans des actes graves.