«Tous les chemins mènent à Nuremberg», affirme Philippe Sands, un expert en Droit International. Professeur à l'University College de Londres, il a contribué à des affaires marquantes jugées à La Haye. Ces affaires incluent la Croatie contre la Serbie et le génocide au Rwanda. Nuremberg a posé les bases des concepts de génocide et de crimes contre l'humanité.
Quatre-vingts ans après Nuremberg, la Corte Pénale Internationale a émis des mandats d'arrêt contre des dirigeants comme ceux de la Russie et d'Israël. Cependant, l'application du droit reste problématique. Le droit international est-il mort ? Non, même si nous faisons face à des défis majeurs, notamment un contexte xénophobe et nationaliste.
Philippe Sands souligne que de nombreux États ne souhaitent pas respecter les règles internationales. Il cite Aung San Suu Kyi, qui a déclaré que «le seul langage commun est celui du droit international». Bien que cette affirmation soit controversée, elle met en lumière l'importance persistante du droit.
Les lois internationales fonctionnent souvent de manière silencieuse et efficace. Cependant, celles établies en 1945 nécessitent une révision urgente. Par exemple, pourquoi certains pays sont-ils membres permanents du Conseil de Sécurité, tandis que d'autres, comme l'Inde ou le Brésil, ne le sont pas ? Cette structure est inadaptée et doit être restructurée.
En outre, la Corte Pénale Internationale ne traite pas les crimes environnementaux, ce qui est particulièrement frustrant pour les jeunes générations. Il existe ainsi un écart entre la définition légale des crimes et la compréhension du citoyen moyen.
Il existe trois crimes internationaux, tous au même niveau, sans hiérarchie. Pourtant, le terme «génocide» a pris une importance disproportionnée dans l'esprit collectif. Le public considère souvent qu'un grand nombre de morts équivaut à un génocide, mais la Corte Internationale de Justice en limite la définition.
Des cas récents, comme l'accusation de Sud-Afrique contre Israël pour génocide à Gaza, soulèvent des questions. Le procureur a choisi de poursuivre pour crimes de guerre, pas pour génocide. Cela montre la complexité de l'application de la loi.
La décision de la Corte de La Haye en 2024 déclarant l'occupation israélienne illégale est significative. Bien que symbolique, elle pourrait avoir des conséquences pratiques à long terme. Certains pays, comme l'Espagne, soutiennent cette décision, tandis que d'autres, comme les États-Unis, sont plus réticents.
La justice est souvent un processus long. Philippe Sands évoque les leçons du passé, soulignant que des problèmes juridiques peuvent mettre des siècles à se résoudre. La justice internationale est encore en développement, ayant été révolutionnée en 1945.
Philippe Sands conclut que le système de justice internationale est fragile et nécessite des évolutions progressives. Les récents événements, comme la ratification de l'immunité de Donald Trump par la Corte Suprême des États-Unis, soulèvent des inquiétudes. Malgré les défis, il reste convaincu que «tous les chemins mènent à Nuremberg», même si ceux-ci sont longs et incertains.