
Le genre afro-rock des années 70, connu sous le nom de Zamrock, connaît un renouveau inattendu. Des artistes et des fans de musique du monde entier redécouvrent le son unique de la Zambie. Sampa the Great, une grande star du pays, embrasse ce style, espérant lui donner une nouvelle dimension.
Pour son troisième album studio, Sampa the Great s'inspire de ce mouvement musical qui a émergé il y a plus de 50 ans. Elle décrit le Zamrock comme un son post-colonial, porteur de liberté et d'audace. La rappeuse, qui a performé à Glastonbury et Coachella, souhaite capturer cette essence dans sa musique.
Son premier single, Can't Hold Us, illustre cette fusion. Les guitares fuzz donnent une énergie nouvelle à la chanson, tandis que Sampa, pleine de détermination, déclare : "Ils n'ont pas le courage d'égaler ma prouesse." Cette audace résonne avec les racines du Zamrock.
Le mouvement Zamrock a émergé dans un contexte de libération économique et culturelle en Zambie. Dans les années 70, le pays a connu un boom économique, permettant aux jeunes artistes de créer une identité musicale distincte. Emmanuel Chanda, le leader de WITCH, évoque l'influence des groupes de rock comme Led Zeppelin et Jimi Hendrix.
Malgré des conditions d'enregistrement rudimentaires, le Zamrock a prospéré. Les musiciens, vêtus de jeans pattes d'eph, ont captivé des foules enthousiastes. WITCH, acronyme de We Intend To Cause Havoc, a attiré des fans désireux de vivre des concerts mémorables.
Malgré son impact, le Zamrock a connu un déclin. À partir des années 80, le pays a été frappé par des crises économiques et la pandémie de VIH/SIDA a emporté de nombreux musiciens. Les membres fondateurs de WITCH ont été particulièrement touchés, perdant cinq d'entre eux à cause de la maladie.
Le genre est resté en sommeil pendant des décennies, et ses créateurs ont dû retourner à des emplois ordinaires pour subvenir à leurs besoins. Jagari, par exemple, a travaillé dans les mines pour soutenir sa famille.
Au début des années 2010, le Zamrock a commencé à renaître grâce à des collectionneurs de disques en Occident. Le label Now-Again Records a joué un rôle clé dans cette résurgence en rééditant des albums de figures emblématiques du genre. Eothen "Egon" Alapatt, le directeur du label, a reconnu l'intérêt croissant pour cette musique unique.
Les disques originaux de Zamrock sont devenus très recherchés, atteignant des prix allant de 100 à 1000 dollars. En 2011, une compilation de WITCH a ravivé l'intérêt pour le groupe, permettant à Jagari et à d'autres musiciens de revenir sur scène.
Le Zamrock, avec sa vitalité et son authenticité, attire de nouveaux fans et artistes. Sampa the Great, en particulier, incarne cette renaissance. Elle affirme que son prochain album, qu'elle qualifie de "nu Zamrock", sera une célébration de ce genre. Jagari, de son côté, se réjouit de voir la jeune génération embrasser ce style qu'il a contribué à créer.