Kamel Daoud, Lauréat du Goncourt 2024, Assigné en Justice par Saâda Arbane pour Vol de Son Histoire
Contexte de la plainte
Une femme algérienne, Saâda Arbane, a déposé une plainte contre l'écrivain Kamel Daoud pour non-respect de la vie privée. Elle accuse l'écrivain d'avoir volé son histoire pour son roman "Houris", qui a remporté le prix Goncourt 2024. La plainte a été révélée vendredi, et une première audience est prévue le 7 mai au tribunal judiciaire de Paris.
"Houris", un roman sombre, traite du destin d'Aube, une jeune femme muette après une attaque islamiste. Le récit se déroule en partie à Oran et aborde des thèmes sensibles liés à la guerre civile algérienne des années 1990. Saâda Arbane affirme que son histoire personnelle a été utilisée sans son consentement, ce qui soulève des questions éthiques importantes.
Les accusations de Saâda Arbane
Saâda Arbane, rescapée d'un massacre, soutient que son roman "Houris" a été écrit en utilisant des confidences qu'elle a partagées avec sa psychiatre, qui est également l'épouse de Kamel Daoud. Elle a déclaré à la chaîne algérienne One TV que le personnage d'Aube était directement inspiré de sa propre expérience.
La plainte indique qu'elle n'a jamais donné son accord pour que son récit soit utilisé par Kamel Daoud. Malgré plusieurs demandes de sa part, elle insiste sur le fait que son histoire ne devait pas devenir publique, ce qui renforce son argumentation.
Demandes et implications juridiques
Dans cette assignation, Saâda Arbane réclame 200 000 euros de dommages et intérêts, ainsi qu'une publicité de la condamnation éventuelle. Elle argue que la ressemblance entre son vécu et le récit de Daoud n'est pas fortuite, mais bien préoccupante.
Les avocats de la demanderesse, Me William Bourdon et Lily Ravon, déclarent que cette procédure est exceptionnelle dans le cadre des atteintes à la vie privée. Ils soulignent que de nombreux passages du roman ressemblent à la vie de Saâda Arbane, ce qui pourrait constituer une preuve de pillage littéraire.
Réaction de Kamel Daoud et de son éditeur
Kamel Daoud a déjà été visé par une plainte similaire en Algérie. Il a défendu son travail en affirmant que l'histoire était publique et qu'elle ne racontait pas la vie de Saâda Arbane. Son éditeur, Gallimard, a également dénoncé les campagnes diffamatoires menées contre lui par certains médias.
La situation actuelle soulève des questions sur la frontière entre la fiction et la vie privée. Les implications de cette affaire pourraient avoir des répercussions sur la manière dont les écrivains abordent des récits inspirés de la réalité.
Conclusion
La plainte de Saâda Arbane contre Kamel Daoud met en lumière des enjeux cruciaux liés à la protection de la vie privée et aux droits d'auteur. Alors que le tribunal se prépare à examiner cette affaire, elle soulève des questions sur la responsabilité des écrivains dans la représentation des histoires personnelles. Ce cas pourrait marquer un tournant dans la littérature et la manière dont les récits sont construits à partir de vécus réels.
