La avocate générale du Tribunal de Justice de l'Union Européenne, Juliane Kokott, a proposé ce jeudi que la cour basée à Luxembourg rejette le recours de Google. Elle suggère également de confirmer la multitude de plus de 4.000 millions d'euros imposée à la multinationale pour abus de position dominante avec Android.
Ce cas remonte à plus de dix ans, lorsque la Commission Européenne a ouvert une enquête en avril 2015. Le cœur du problème réside dans les accords de distribution entre Google et les fabricants de dispositifs mobiles. Ces accords obligeaient les fabricants à préinstaller Google Search et Chrome pour obtenir une licence d'exploitation de la Play Store.
Ces clauses sont liées à d'autres accords visant à éviter la fragmentation qui conditionnaient les licences de Google Search et Play Store à l'absence de téléphones équipés de versions alternatives non autorisées d'Android. Ce cadre contractuel a soulevé des préoccupations concernant la concurrence sur le marché.
Un autre aspect clé de cette affaire concerne les accords de répartition des revenus. Ces accords stipulaient que les fabricants renonçaient à préinstaller des moteurs de recherche concurrents en échange d'une part des revenus publicitaires de Google. La Commission Européenne a conclu en été 2018 que ces accords étaient abusifs et illégaux, car ils restreignaient la concurrence.
En juillet 2018, la Commission a donc infligé à Google une amende de près de 4.343 millions d'euros pour abus de position dominante. Cette décision a été contestée par Google devant le Tribunal Général, qui a partiellement annulé la décision concernant la régulation des revenus, fixant l’amende à 4.124 millions d'euros.
Selon l'avocate générale, l'appréciation des faits par le Tribunal Général ne peut être contestée. Elle affirme que les arguments juridiques de Google sont inopérants. Concernant l'agrégation de Play Store, Google Search et Chrome, elle considère que le Tribunal n'avait pas besoin de demander à la Commission d'analyser la situation concurrentielle sans l'influence de la conduite mise en question.
Elle souligne que le Tribunal pouvait simplement constater l'impact discriminatoire sur la décision des utilisateurs d'utiliser ces services, ce qui a créé un avantage concurrentiel pour Google. De plus, elle estime que le Tribunal n'avait pas à examiner si cette conduite expulsait spécifiquement des concurrents efficaces.
L'avocate générale conclut que le Tribunal a correctement identifié une infraction unique et continue, malgré la déclaration de nullité partielle. Elle insiste sur le fait qu'il existait une stratégie globale pour anticiper le développement d'Internet sur mobile, tout en préservant le modèle économique de Google.
Enfin, elle estime que le Tribunal n'a pas commis d'erreur en recalculant l'amende. Bien que les décisions d'un avocat général ne soient pas contraignantes, elles sont souvent prises en compte par le Tribunal de Justice.