Le Centro Nacional de Inteligencia (CNI), le service de renseignement espagnol, a considérablement limité ses activités au Maroc. Selon des sources fiables, les opérations de renseignement et de contre-renseignement dans le royaume chérifien sont à l'arrêt depuis au moins trois ans. Cette situation résulte d'une restriction manifeste de la présence des agents sur le terrain.
Durant cette période prolongée, les équipes qui étaient auparavant actives à Rabat ont été réduites. Les délégations ne servent désormais qu'à maintenir une présence symbolique, avec quelques agents affectés à des tâches administratives, mais pas à des missions de renseignement. Sans explications, le gouvernement a retiré ses membres du service secret, laissant la situation en suspens.
Les sources indiquent qu'il n'y a plus d'espions dans ces délégations, qui étaient des infrastructures discrètes pour les équipes en mission. Avant cette restriction, de nombreux groupes surveillaient des domaines cruciaux pour l'Espagne, tels que la défense, la situation géopolitique et la sécurité, ainsi que des questions migratoires et économiques.
Depuis le retrait des agents, les opérations de renseignement ont été considérablement affectées. Les experts en renseignement expriment leur mécontentement face à cette absence d'information sur leur non-présence au Maroc, un pays qu'ils jugent essentiel pour le contrôle des activités d'espionnage.
Le CNI a catégoriquement nié ces allégations, affirmant que les besoins d'information au Maroc sont bien couverts. Ils soutiennent qu'il est faux d'affirmer qu'il y a eu une limitation de leurs activités. Ce retrait a eu lieu dans un contexte de rapprochement entre Pedro Sánchez et Rabat, notamment sur des questions de sûreté et de migration.
Les changements de position concernant le Sahara Occidental ont également joué un rôle. L'Espagne a reconnu le plan d'autonomie proposé par le Maroc, remettant en question son soutien antérieur à un référendum d'autodétermination. Cette décision a conduit le gouvernement de Sánchez à adopter une approche plus discrète vis-à-vis du Maroc, cherchant à maintenir la stabilité.
Malgré cette politique de non-agression, les relations entre les deux pays ont connu des tensions. Le Maroc a démontré sa capacité à exercer des pressions sur l'Espagne, notamment en mai 2021, en facilitant l'accès à la frontière de Ceuta à des milliers de migrants. Cette situation a mis le gouvernement espagnol dans une position délicate.
Cette crise a été déclenchée par l'accueil par l'Espagne du leader du Front Polisario, Brahim Ghali, pour des soins médicaux. En réponse, le Maroc a intensifié les flux migratoires vers Ceuta. Cette situation a également coïncidé avec des intrusions du programme d'espionnage Pegasus sur les téléphones de membres du gouvernement espagnol.
Des enquêtes indépendantes ont révélé que des téléphones de Pedro Sánchez et d'autres ministres avaient été ciblés par ce programme. Un rapport a désigné le Maroc comme responsable de l'espionnage de plus de 200 téléphones espagnols. En 2023, une mission d'eurodéputés a visité l'Espagne pour examiner ces allégations et a jugé plausible que Rabat soit impliqué.
Le porte-parole de la mission a souligné l'absence de clarté sur l'implication d'un État ou d'un groupe derrière ces actes d'espionnage. Cependant, des éléments pointent vers le Maroc. Les eurodéputés ont également critiqué le manque de coopération du gouvernement espagnol dans l'enquête, ce qui a soulevé des inquiétudes quant à la transparence de la situation.
La situation actuelle du CNI au Maroc soulève des questions importantes sur la sûreté et l'espionnage dans une région stratégique. Le retrait des agents et les tensions persistantes entre l'Espagne et le Maroc indiquent un besoin urgent de réévaluation des stratégies de renseignement. Les implications de ces événements pourraient avoir des répercussions durables sur la sécurité nationale espagnole.