
Le parquet national financier a ouvert une information judiciaire pour « escroquerie en bande organisée », « abus de position dominante » et « entente » contre le groupe Bernard Hayot, principal groupe de distribution d’outre-mer. Cette information a été confirmée jeudi par une source judiciaire, suite à une enquête de Libération.
Cette enquête, confiée à des juges d’instruction parisiens, a été ouverte en août et cible principalement le marché automobile outre-mer. Selon Libération, les concessions automobiles du groupe, en position ultra-dominante, affichent des marges « jusqu’à trois ou quatre fois supérieures » à celles pratiquées en France métropolitaine.
Les soupçons d’escroquerie en bande organisée concernent des mensonges présumés de certains concessionnaires du groupe. Ces derniers seraient soupçonnés de dissimuler leurs véritables marges aux fabricants automobiles. L'enquête vise également à éclaircir d'éventuelles pratiques d’entente entre GBH et certains de ses concurrents ultramarins.
Dans un communiqué, le groupe Bernard Hayot a déclaré avoir pris connaissance de cette enquête « par la presse ». Il conteste « fermement » les allégations et souhaite coopérer « pleinement avec les autorités judiciaires pour prouver l'infondé de ces accusations ».
Le groupe martiniquais est régulièrement accusé de contribuer au coût de la vie élevé, notamment aux Antilles. Ses détracteurs l'accusent d'appliquer des marges record en l'absence de véritable concurrence. En juin, après avoir été assigné en justice, il a publié ses comptes pour l'année 2024, révélant un bénéfice net de 202 millions d’euros.
Leader de la distribution aux Antilles, GBH est particulièrement critiqué pour son rôle dans le coût de la vie en Martinique. Les produits alimentaires y sont en moyenne 40 % plus chers qu'en France, selon des données de l'Insee de 2022. Cet écart a déclenché des manifestations contre la vie chère, marquées par des violences en septembre et octobre 2024.
GBH n'est pas seulement un distributeur. Près de la moitié de son chiffre d'affaires provient de l'automobile, incluant la commercialisation, la location et les pièces détachées. Il est également engagé dans des « activités diversifiées », telles que le rhum et l'agroalimentaire.
Bien que basé en Martinique, où il concentre les critiques, GBH réalise seulement 16 % de son chiffre d'affaires dans cette région. Le reste se répartit entre la Guadeloupe (15 %), La Réunion (35 %) et l'international (32 %).
La situation actuelle du groupe Bernard Hayot soulève de nombreuses questions sur ses pratiques commerciales et leur impact sur la population locale. L'enquête en cours pourrait avoir des répercussions significatives sur l'avenir du groupe et sur le marché outre-mer. La transparence et la coopération avec les autorités judiciaires seront cruciales pour rétablir la confiance.