Le Groupe Bernard Hayot (GBH), acteur majeur de la distribution aux Antilles françaises, fait face à de vives critiques. En effet, son rôle dans l’augmentation des prix est remis en question, notamment après la publication de résultats financiers affichant une marge de près de 35%. Cette situation a provoqué des manifestations et des tensions sociales, incitant le gouvernement à intervenir.
GBH contrôle plusieurs enseignes, dont Carrefour, et est accusé d'être responsable du coût élevé de la vie. En 2022, les produits alimentaires aux Antilles étaient en moyenne 40% plus chers qu'en France métropolitaine. Cette disparité a entraîné des mouvements de protestation, notamment en Martinique, en septembre et octobre 2024.
En réponse à ces critiques, quatre plaignants ont assigné GBH devant le tribunal de commerce pour obtenir la publication de ses comptes, qui n'avaient pas été divulgués depuis 2018. Après une première audience, l'entreprise a finalement publié ses comptes pour 2023, révélant un bénéfice net de 227,4 millions d'euros.
Le chiffre d'affaires de GBH dépasse 4,9 milliards d'euros, avec 36% des ventes réalisées à La Réunion. La famille Hayot, actionnaire du groupe, aurait perçu huit millions d'euros de dividendes en 2023. Les marges commerciales du groupe sont estimées à 1,7 milliard d'euros, représentant 34,4% du chiffre d'affaires.
Cette situation suscite des interrogations parmi les observateurs. Christophe Girardier, expert économique, souligne que GBH contribue de manière significative à l'augmentation du coût de la vie en outre-mer. Les plaignants, représentés par Me Renaud Portejoie, continuent de demander des sanctions financières contre le groupe.
Stéphane Hayot, le PDG de GBH, conteste les accusations. Il affirme que son groupe est un acteur engagé contre la vie chère et dénonce une campagne calomnieuse. Selon lui, les marges dans le secteur alimentaire sont de 24%, avec un bénéfice net de seulement 2% du chiffre d'affaires, ce qu'il considère comme raisonnable.
Hayot insiste sur le fait que les prix ne peuvent être comparés à ceux de l'Hexagone en raison des coûts de transport importants, les produits devant parcourir 7 000 km dans 80% des cas. Il met en avant la concurrence sur le marché martiniquais, où son groupe détient 26% de parts de marché.
La sphère politique s'est également emparée de cette problématique. Le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a dénoncé l'opacité des prix et des marges. En octobre, un protocole a été signé pour réduire de 20% les prix sur près de 6 000 produits alimentaires, impliquant un effort sur les marges des distributeurs.
Depuis le 1er janvier, les prix de ces produits ont baissé de 9%. Cependant, la suppression de la TVA sur ces produits reste en attente, retardée par la mise en œuvre du budget 2025. Les discussions se poursuivent pour garantir une meilleure transparence dans la formation des prix.
La situation judiciaire de GBH demeure incertaine. Plusieurs eurodéputés ont demandé une enquête sur d'éventuelles pratiques anticoncurrentielles. L'avocat des plaignants, Me Renaud Portejoie, voit cela comme une victoire contre l'opacité des pratiques commerciales.
De plus, une plainte contre X a été déposée pour entente et abus de position dominante, avec environ 1 200 plaignants s'associant à cette démarche. Ces actions visent à montrer que de nombreux Martiniquais soutiennent cette initiative pour une plus grande justice économique.
La situation du Groupe Bernard Hayot soulève des questions importantes sur la transparence et la concurrence dans le secteur de la distribution aux Antilles. Les tensions entre les consommateurs, les distributeurs et les autorités politiques sont palpables. L'évolution de cette affaire pourrait avoir des répercussions significatives sur le coût de la vie dans la région.