
Ismaël Omar Guelleh, président de Djibouti, a annoncé sa candidature pour un sixième mandat. À 77 ans, il dirige ce petit pays de la Corne de l’Afrique d’une main de fer depuis 1999. Plus de 50 % de la population n’a connu que son leadership, ce qui témoigne de son influence durable.
Sa position stratégique, à la croisée de l’Afrique et de la péninsule arabique, lui a permis de devenir un acteur incontournable sur la scène internationale. Récemment, il a levé une limitation constitutionnelle sur l’âge pour se représenter, une manœuvre qui a suscité des interrogations.
Ismaël Omar Guelleh, souvent désigné par ses initiales IOG, est né en 1947 à Dire-Dawa, en Éthiopie. Son parcours politique a débuté dans la police, mais il a été évincé en raison de son engagement pour l’indépendance de Djibouti. En 1977, il est nommé chef de cabinet du premier président du pays, une fonction qu'il occupera pendant plus de 20 ans.
Au fil des ans, il a exercé un contrôle autoritaire, réprimant les libertés d’expression et de la presse. Djibouti se classe au 168e rang sur 180 dans le classement de Reporters sans frontières. Malgré cela, son mandat a également été marqué par un développement économique, notamment des infrastructures portuaires.
La candidature d’IOG pour 2026 n’est pas une surprise pour les observateurs. Son ministre de l’Économie, Ilyas M. Dawaleh, a exprimé son soutien sur les réseaux sociaux, soulignant l'importance de son expérience face aux incertitudes mondiales. Cette déclaration a été perçue comme un signal de continuité dans un système politique bien établi.
Des spécialistes, comme Sonia le Gouriellec, notent que l’absence de successeurs potentiels renforce son emprise sur le système politique. La fragmentation de l’opposition et son contrôle absolu rendent difficile toute transition pacifique.
IOG a su tirer parti de la position géographique de Djibouti, située sur le détroit de Bab-el-Mandeb, pour attirer des bases militaires étrangères. Les forces françaises, américaines, japonaises et chinoises sont présentes dans le pays, ce qui accentue son rôle stratégique dans la région.
Le développement des infrastructures maritimes et logistiques a également permis d’attirer des investissements étrangers, notamment de Dubaï. Cette stratégie a renforcé son influence sur la politique africaine, avec des alliés clés occupant des postes stratégiques au sein de l'Union africaine.
Malgré son contrôle, des rumeurs sur la santé d’IOG circulent, tout comme l’influence croissante de sa femme, Kadra Mahamoud Haïd. La question d’un éventuel successeur reste cruciale. Pour éviter une instabilité interne, il est essentiel de trouver une figure acceptée par les différents sous-clans.
Les experts s'accordent à dire qu'il y a un manque de préparation pour l'après-Guelleh. Un chercheur djiboutien a souligné que, bien que son travail en matière de politique étrangère soit reconnu, l'absence de planification pour la succession pourrait poser des problèmes à l'avenir.
Ismaël Omar Guelleh se dirige vers un sixième mandat, consolidant son pouvoir dans un contexte politique tendu. Son parcours, marqué par l’autoritarisme et le développement économique, soulève des questions sur l'avenir politique de Djibouti. La quête d'un successeur et la gestion des tensions internes seront des défis majeurs pour le pays.