Alors que la Russie mobilise ses troupes pour célébrer le Jour de la Victoire, elle utilise le passé pour tenter de justifier sa guerre contre l'Ukraine. Cette année marque le 80e anniversaire de cet événement, qui est devenu une occasion pour la Russie de cadrer la guerre en Ukraine sous un jour similaire à celui de la Seconde Guerre mondiale.
La Russie annonce que 29 dirigeants mondiaux seront présents à Moscou pour cette célébration, mais la plupart des nations européennes choisissent de boycotter l'événement. Pendant ce temps, des dirigeants comme ceux de la Chine, du Brésil et du Venezuela seront présents. Cette situation illustre un décalage entre les perceptions occidentales et le discours russe.
Le président russe, Vladimir Poutine, tente de rassembler une foule autour de son projet géopolitique actuel. L'absence de nombreux dirigeants occidentaux souligne une volonté de ne pas légitimer ce que beaucoup considèrent comme un spectacle de propagande.
Lors d'une réunion avec le président chinois, Poutine a affirmé que les deux pays s'engagent à « honorer la mémoire des années de guerre ». Cette déclaration s'inscrit dans un cadre médiatique qui juxtapose les événements passés et présents, notamment à travers des affiches patriotiques dans les villes russes.
Des campagnes publicitaires encouragent les hommes à s'engager dans ce que la Russie appelle son « Opération Militaire Spéciale » en Ukraine. Ces messages visent à renforcer l'idée que la lutte actuelle est une continuation légitime des combats de la Seconde Guerre mondiale.
En raison de la répression sévère de toute opposition, il y a peu de critiques publiques concernant la guerre en Ukraine. Les discussions sur les réseaux sociaux russes se concentrent majoritairement sur un sentiment de fierté et de foi en la victoire. Cependant, la censure rend difficile l'expression d'opinions divergentes.
Des commentaires sur les forums publics révèlent une méfiance envers les intentions de l'Ukraine, certains appelant à une lutte plus intense. Ce climat de peur et de patriotisme étouffe les voix critiques, rendant le dialogue plus complexe.
Pour les survivants de la Seconde Guerre mondiale, la situation actuelle est déconcertante. Ludmyla Varska, âgée de 98 ans, a combattu lors du siège de Leningrad et vit maintenant à Kyiv, où elle est confrontée à de nouvelles menaces. Elle exprime son incompréhension face à la guerre actuelle et évoque la douleur des pertes familiales.
De même, Kuzma Samchenko, 99 ans, partage son expérience de guerre et souligne que les innocents sont les véritables victimes. Son récit met en lumière les conséquences tragiques des conflits, qui perdurent à travers les générations.
Le Jour de la Victoire est devenu un symbole de manipulation politique en Russie. Tandis que le pays célèbre son passé, les voix des survivants et des critiques sont étouffées. La guerre en Ukraine, perçue comme une continuation de l'histoire, soulève des questions sur la mémoire et la réalité de la lutte actuelle. Les leçons du passé semblent parfois oubliées dans le tumulte du présent.