Le 24 mars 2020, l'Inde a annoncé son premier confinement lié à la Covid, alors que le monde se préparait à une pandémie dévastatrice. Le système de santé déjà fragile de l'Inde a été submergé, et l'Organisation mondiale de la santé a estimé plus de 4,7 millions de décès, un chiffre largement contesté par le gouvernement. Cinq ans plus tard, les journalistes de la BBC en Inde se remémorent leurs expériences, révélant comment ils sont devenus partie intégrante de l'histoire qu'ils couvraient.
En été 2021, j'ai reçu un appel désespéré d'une enseignante. Son mari, âgé de 46 ans, était hospitalisé à Delhi, où l'oxygène se faisait rare. L'Inde était prise dans la deuxième vague meurtrière de la Covid. Nous avons cherché de l'aide, envoyant des messages SOS, espérant une réponse. Les niveaux d'oxygène de son mari avaient chuté à 58, alors qu'ils devraient être au moins à 92.
La situation était désespérée. Les hôpitaux manquaient de matériel essentiel, et le simple fait de respirer était devenu un luxe. Les rapports faisaient état de patients mourant en attendant un lit. Ce n'était pas censé arriver en 2021. Nous étions en guerre, et nous perdions.
Yogita Limaye a décrit une scène tragique devant un hôpital de Delhi, où une femme pleurait la mort de son frère, qui attendait désespérément des soins. Des centaines de familles se heurtaient à des portes closes, cherchant de l'aide. La deuxième vague avait laissé le pays à genoux, et le gouvernement, qui avait déclaré la victoire contre la maladie, n'était pas préparé à cette résurgence.
Dans les unités de soins intensifs, les médecins luttaient pour gérer les ressources. L'atmosphère était lourde de désespoir, et les cris d'angoisse résonnaient. Les pompes funèbres étaient en surchauffe, et la ville était submergée par le deuil.
Vikas Pandey a partagé son expérience personnelle, soulignant la difficulté de couvrir une crise qui touchait directement ses proches. Chaque jour, il recevait des appels de famille et d'amis demandant de l'aide pour obtenir des lits d'hôpital et de l'oxygène. Une histoire marquante fut celle d'Altuf Shamsi, qui a perdu sa femme et son père en l'espace de quelques jours.
Les histoires de pertes personnelles étaient dévastatrices. Des proches étaient hospitalisés, et les appels désespérés pour des traitements étaient fréquents. La lutte pour la survie était omniprésente, et le sentiment d'impuissance était accablant.
Les journalistes ont également été témoins de la détresse des travailleurs migrants. Anagha Pathak a décrit une scène poignante sur l'autoroute Mumbai-Agra, où des couples, dont des femmes enceintes, marchaient sous le soleil brûlant. La pandémie les avait laissés sans ressources, et l'aide était insuffisante.
Les images de ces travailleurs, épuisés et vulnérables, sont gravées dans la mémoire collective. Chaque jour, la réalité de la crise devenait plus accablante, et les histoires de survie se mêlaient à celles de tragédies.
Après l'annonce du confinement, la ville de Delhi était plongée dans le silence. Les rues étaient désertes, et les gens craignaient de sortir. Geeta Pandey a décrit ce sentiment d'angoisse, alors que les gens cherchaient désespérément à rentrer chez eux. Les espoirs étaient placés sur un vaccin qui semblait être la seule issue.
Les familles étaient séparées, et la peur de transmettre le virus à des proches vulnérables était omniprésente. La pandémie a bouleversé des vies, et le besoin de connexion humaine n'a jamais été aussi pressant.
Le 16 janvier 2021, lorsque l'Inde a lancé sa campagne de vaccination, l'espoir était palpable. Pourtant, pour beaucoup, cet espoir a été éphémère. Les histoires de pertes dévastatrices ont continué à se multiplier. Des proches sont partis avant même que les vaccins ne puissent faire effet.
Les souvenirs de cette période tragique demeurent, et les cicatrices émotionnelles sont profondes. La lutte contre la Covid-19 a laissé une empreinte indélébile sur la société indienne.
Cinq ans après le début de cette crise, les journalistes de la BBC en Inde continuent de porter le poids de ces histoires. Les horreurs du confinement et les luttes pour la survie restent gravées dans leur mémoire. La pandémie a non seulement affecté la santé publique, mais elle a également révélé la résilience et la force de l'humanité face à l'adversité.