
Abdulqadir Abdullah Ali, un homme de 62 ans, a vécu une expérience traumatisante lors de l'attaque de la ville de el-Fasher par les forces de soutien rapide (RSF). Il a subi de graves dommages nerveux à la jambe en raison d'un manque de médicaments pour son diabète. Lors de l'assaut, sa peur était telle qu'il ne ressentait plus la douleur en fuyant.
La prise de el-Fasher après un siège de 18 mois constitue un chapitre brutal de la guerre civile soudanaise. Les RSF ont pris le contrôle de la ville, chassant l'armée de son dernier bastion à Darfour. Ce changement a suscité une condamnation internationale pour les atrocités massives documentées.
Des millions de personnes ont été déplacées, et beaucoup ont fui vers des camps comme celui d'al-Dabbah, où des récits de violence et de désespoir émergent. Les autorités surveillaient la mission de la BBC, rendant difficile la collecte d'informations précises.
Nous avons rencontré M. Ali dans un camp situé à 770 km au nord-est de el-Fasher. Il a décrit comment les RSF tiraient sur les civils, y compris les personnes âgées. "Ils tiraient sur tout le monde", a-t-il affirmé, ajoutant qu'ils écrasaient même les blessés avec leurs véhicules.
Mohammed Abbaker Adam, un responsable local, a également partagé son histoire. Il a fui el-Fasher alors que les RSF envahissaient le camp de Zamzam. "La route était pleine de mort", a-t-il déclaré. "Nous avons vu des corps laissés à l'air libre, certains là depuis des jours."
Les témoignages de violences sexuelles sont alarmants. M. Adam a confirmé que des femmes étaient violées par les RSF, ajoutant que les agresseurs prenaient les femmes hors de vue pour commettre leurs actes. "Vous entendiez des cris de détresse", a-t-il dit.
Une jeune femme a raconté comment son groupe a été séparé à un point de contrôle, laissant une amie derrière. "J'avais peur qu'ils prennent d'autres filles", a-t-elle déclaré, soulignant la terreur omniprésente.
De nombreuses personnes arrivées au camp sont venues les mains vides, ayant dû payer pour traverser des points de contrôle. "Les RSF nous ont dépouillés de tout", a expliqué M. Adam. "Ils exigeaient que nous appelions nos proches pour transférer de l'argent."
Les conditions de vie dans le camp sont précaires, avec un fort besoin d'assistance humanitaire. Les survivants continuent de faire face à l'incertitude, ne sachant pas ce que l'avenir leur réserve.
Les RSF ont rejeté les accusations d'abus systématiques, affirmant que les allégations étaient le fruit d'une campagne médiatique politique. Pourtant, les témoignages des survivants peignent un tableau tragique de la réalité sur le terrain.
Alors que le monde se tourne vers le Soudan, les espoirs d'un cessez-le-feu semblent lointains. Les victimes de ce conflit continuent de subir les conséquences d'une guerre sans fin, cherchant désespérément un semblant de paix.
La situation au Soudan reste critique, avec des milliers de vies bouleversées par la violence. Les récits de M. Ali et d'autres témoignent de la résilience humaine face à des horreurs inimaginables. Ils attendent, espérant un jour retrouver la tranquillité perdue.