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Pris dans le feu croisé : Les victimes de la guerre des gangs au Cap

Publié le : 23 juin 2025

Les victimes de la guerre des gangs à Cape Town

Devon Africa a perdu son fils Davin, un enfant de quatre ans, dans une tragédie qui a bouleversé sa famille. Ce drame s'est produit il y a quatre mois, lorsque Davin a été tué par balle dans un échange de tirs entre criminels. Ce meurtre tragique est le reflet d'un problème de gangs qui ravage les Cape Flats, les bidonvilles autour de Cape Town, héritage de l'apartheid.

Devon, allongé sur un lit étroit, montre deux petites traces de balles sur le mur de sa maison. "C'est ici qu'il dormait", dit-il. La douleur est palpable, car la famille a déjà vécu l'horreur. La sœur aînée de Davin, Kelly Amber, a été tuée deux ans auparavant, également victime d'une fusillade entre gangs.

Un héritage de violence

Trente ans après la fin de l'apartheid, les conséquences de cette période continuent de hanter les Cape Flats. Les meurtres liés aux gangs sont devenus monnaie courante, notamment dans la région de Wesbank. Malgré les promesses des forces de police d'augmenter les patrouilles, les familles vivent dans la peur constante.

Le Cap-Occidental, où se trouvent les Cape Flats, enregistre la majorité des meurtres liés aux gangs en Afrique du Sud. Le président Cyril Ramaphosa a mis en place une unité spéciale en 2018 pour lutter contre cette violence, mais les résultats demeurent insatisfaisants. "Il y a une histoire et des générations de personnes qui sont nées dans ces gangs", explique Gareth Newham, expert en prévention de la violence.

Les efforts pour instaurer la paix

À quinze kilomètres de Wesbank, à Hanover Park, le pasteur Craven Engel consacre sa vie à médié dans les conflits entre gangs. Son objectif est de réduire la violence alimentée par le commerce de la drogue. Avec son équipe, il suit une méthode simple : détection, interruption et changement de mentalités.

Le pasteur Engel souligne que l'économie de Hanover Park dépend en grande partie de la culture de la drogue. "Il n'y a pas d'économie à proprement parler", dit-il. Il reconnaît également l'impact de l'apartheid et du traumatisme générationnel, qui se manifestent par des problèmes d'addiction et la désintégration familiale.

Les conséquences sur la jeunesse

La communauté, d'environ 50 000 personnes, subit des fusillades et des agressions presque quotidiennement. Les jeunes sont souvent à la fois les agresseurs et les victimes. "Comment un enfant peut-il être touché par une balle perdue ?", s'interroge le pasteur Engel, face à la tragédie qui frappe les familles.

Malgré les dangers, des personnes comme Nando Johnston, membre d'un gang, cherchent à changer de vie. Le pasteur Engel l'aide à trouver une voie vers la réhabilitation. "Il y a seulement deux options dans ce jeu : la prison ou la mort", confie Nando, déterminé à quitter ce monde dangereux.

Un espoir fragile

Le chemin vers une vie meilleure est semé d'embûches. Nando a commencé un programme de réhabilitation qui vise à l'aider à se réinsérer dans la société. "Je suis prêt à partir", déclare-t-il, entouré de sa famille qui espère un avenir meilleur pour lui. "Fais de ton mieux, Nando", lui dit sa mère, les larmes aux yeux.

La situation dans les Cape Flats reste critique, mais des initiatives de paix émergent. Le pasteur Engel, malgré les menaces, continue son travail. "Personne ne viendra nous sauver", dit-il. "Nous devons construire notre résilience et créer de l'espoir." Un espoir qui, bien que rare, peut encore germer dans ces rues marquées par tant de souffrances.

Conclusion

Les Cape Flats sont un microcosme des défis auxquels l'Afrique du Sud est confrontée. La violence des gangs, les conséquences de l'apartheid et le désir de paix coexistent dans un paysage complexe. Les efforts de médiation, comme ceux du pasteur Engel, offrent une lueur d'espoir pour un avenir meilleur, mais le chemin reste long et semé d'embûches.

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