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La Sustancia : Le Cinéma d'Horreur Se Réinvente et Échappe aux Gestes Machistes

Publié le : 24 février 2025

Introduction à La Substance

Dans sa définition la plus orthodoxe, la substance évoque l'essence même d'un être. Cette notion se réfère à ce qui, métaphoriquement, se cache au plus profond de la nature, libre de toute détermination sensible. La substance existe pour elle-même, et c'est ainsi que les choses étaient, jusqu'à l'arrivée de "La substance", le film de Coralie Fargeat.

Une Réflexion sur l'Accidentel

Ce film remet en question le mépris d'Aristote et des penseurs ultérieurs envers le contingent. Il élève tout ce qui a été considéré comme inutile, comme le corps ou le cinéma de genre, à une catégorie explosive et nécessaire. "La substance" n'est pas seulement un film philosophique, mais elle interroge les principes fondamentaux de notre perception.

La violence et la grâce présentes dans le film lui confèrent une dimension provocante. L'œuvre aborde le mythe du double, explorant la vie d'une star vieillissante, incarnée par Demi Moore. Ce personnage, en quête d'une réinvention, se voit offrir une opportunité irrésistible : se dupliquer en une version plus jeune et belle d'elle-même.

Le Dilemme du Double

La réplique de cette star, jouée par Margaret Qualley, est soumise à des règles strictes. Lorsque l'une dort, l'autre est éveillée, et toute violation de cette règle entraîne un vieillissement de la réplique. Cette dynamique soulève des questions sur l'identité et la dualité, rappelant que malgré leur séparation, elles sont fondamentalement la même personne.

"La substance" nous pousse à réfléchir sur ce que nous négligeons habituellement. Fargeat cherche à rendre substantiel ce qui a longtemps été considéré comme insignifiant. Le cinéma de genre, et en particulier le body horror, est présenté comme une fable qui remet en question les clichés établis.

Une Vision Frontale et Sans Détour

Coralie Fargeat, connue pour son précédent film "Revenge", s'inscrit dans une tradition littéraire et cinématographique qui explore les corps doubles. "La substance" se distingue par sa clarté et sa frontalité. Elle aborde des thématiques telles que le sexisme, la marchandisation du corps féminin et la superficialité du divertissement.

Au fur et à mesure que le récit progresse, le film devient une parabole démesurée et troublante, révélant ce qui nous rend moins humains. "La substance" perd ses repères, se laissant emporter par une folie joyeuse, où les références cinématographiques se mêlent librement, évoquant des œuvres emblématiques.

Conclusion

Le dernier plan de "La substance" rappelle l'épilogue que Billy Wilder n'aurait jamais pu imaginer pour "Le crépuscule des dieux". Ce film, brutal et sans contrôle, revendique avec fierté l'insubstantialité, tout en célébrant la beauté de l'accident. "La substance" est ainsi une œuvre à la fois provocante et essentielle, qui interpelle notre regard sur le monde.

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