Deux cabinets d'avocats, Eskariam en Espagne et Geradin Partners à Paris, s'associent pour défendre les hôteliers en France et en Espagne. Ils cherchent à obtenir réparation pour leurs pertes dues à des commissions excessives imposées par la plateforme Booking. Cette initiative a été annoncée par l'avocat Marc Barennes, qui souligne l'importance de cette action.
Pour soutenir leur démarche, les avocats s'appuient sur une décision récente de la Cour de justice de l’Union européenne, qui remet en question les "clauses de parité" de Booking. Ces clauses empêchent les hôteliers de proposer des prix plus bas sur d'autres canaux de vente, restreignant ainsi leur liberté commerciale.
Les pertes totales des hôteliers en France, dues à Booking, sont évaluées à 1,5 milliard d'euros, selon les estimations du cabinet d'avocats. Un site Internet, actioncollectivehotel.fr, collecte des données auprès des hôteliers ayant utilisé Booking entre 2015 et 2024. L'objectif est d'évaluer les préjudices potentiels liés aux commissions excessives.
Les hôtels indépendants pourraient recevoir des indemnités allant de dizaines à centaines de milliers d'euros, tandis que les chaînes hôtelières pourraient voir leurs préjudices atteindre des millions. Ces chiffres soulignent l'impact financier considérable des pratiques de Booking sur le secteur hôtelier.
Dans le cadre de la législation sur les marchés numériques (DMA), Booking est soumis à de nouvelles règles de concurrence plus strictes au sein de l'Union européenne. Cela signifie que la plateforme ne peut plus exiger des hôteliers européens de proposer leurs meilleurs prix uniquement sur son site. Cette évolution pourrait favoriser un environnement plus compétitif.
Marc Barennes insiste sur le fait que Booking, en tant qu'acteur majeur surveillé par la Commission européenne, ne pourra pas se permettre de réagir négativement envers les hôteliers qui demandent réparation. Cela offre une protection supplémentaire aux hôteliers dans leur quête d'indemnisation.
Les recours juridiques seront financés par une société spécialisée dans le financement de litiges, qui percevra un pourcentage des indemnités obtenues en cas de succès, entre 25 et 30 %. Ainsi, les hôteliers n'auront pas à avancer de frais, rendant l'action plus accessible.
Des discussions sont également en cours avec d'autres cabinets d'avocats pour étendre cette initiative à des pays comme l'Italie et le Portugal. L'objectif est de créer un front juridique uni contre Booking.com et d'élargir la portée de cette action à l'échelle européenne.
Bien que les organisations patronales ne disposent pas de statistiques officielles sur l'utilisation de Booking en France, elles soulignent régulièrement la domination de la plateforme dans le secteur de la réservation hôtelière. En 2024, seulement 33 % du chiffre d'affaires en ligne des hôtels provenait de réservations directes, le reste étant généré par des plateformes telles que Booking et Expedia.
Selon des données de Statista, Booking reste la plateforme la plus populaire en France pour réserver des hôtels ou des logements touristiques, surpassant même Airbnb. Cette situation met en lumière la nécessité d'une action collective pour protéger les intérêts des hôteliers face à cette domination.
Les avocats Marc Barennes et ses collègues cherchent à rassembler les hôteliers face aux pratiques commerciales de Booking. Avec une évaluation des pertes considérables et un cadre légal en évolution, cette initiative pourrait transformer le paysage de la réservation hôtelière en Europe. Les hôteliers ont désormais l'opportunité de revendiquer leurs droits et de lutter pour une concurrence équitable.