
La proposition de Donald Trump d'introduire des prêts hypothécaires de 50 ans aux États-Unis suscite des réactions mitigées. Bien que cela puisse sembler attrayant pour certains acheteurs d'une première maison, ce concept est peu susceptible de trouver un écho favorable au Canada, où les périodes d'amortissement ont été réduites au cours des deux dernières décennies.
Le président américain a récemment partagé son idée d'un prêt hypothécaire de 50 ans sur son site de réseaux sociaux. Cette proposition a été accompagnée d'une image de Franklin Delano Roosevelt, soulignant le contraste avec les prêts de 30 ans. Trump affirme que cela permettrait de réduire les paiements mensuels, mais les experts restent sceptiques quant aux avantages réels de cette mesure.
Bill Pulte, directeur de l'Agence fédérale du financement du logement, a qualifié cette idée de "changement radical". Cependant, de nombreux analystes estiment que cette approche ne résoudra pas les problèmes d'accessibilité au logement, mais pourrait aggraver la situation.
Selon Joseph Gyourko, professeur à l'Université de Pennsylvanie, un prêt hypothécaire de 50 ans présente des avantages et des inconvénients. L'avantage principal est la réduction des paiements mensuels, mais cela s'accompagne de coûts élevés en intérêts sur la durée du prêt. En effet, acheter une maison à 415 200 $ pourrait entraîner des intérêts supplémentaires de 389 000 $ sur 50 ans par rapport à un prêt de 30 ans.
Gyourko met en garde contre le fait que la majorité des paiements initiaux sont consacrés aux intérêts, laissant peu de place pour le remboursement du capital. Il recommande d'éviter cette option, surtout pour les jeunes acheteurs.
Penelope Graham, experte en hypothèques, souligne que la gestion des prêts hypothécaires diffère considérablement entre les États-Unis et le Canada. Au Canada, les emprunteurs renouvellent généralement leurs prêts plusieurs fois au cours de leur durée, contrairement aux emprunteurs américains qui peuvent rester bloqués avec le même taux pendant des décennies.
Cette différence est due à la manière dont les prêts sont financés. Les prêteurs américains regroupent leurs prêts en titres, tandis qu'au Canada, les prêts sont soutenus par des dépôts, ce qui limite la possibilité d'offrir des prêts à long terme.
Bien que certaines discussions aient eu lieu concernant l'extension des périodes d'amortissement au Canada, il est peu probable que cela se concrétise. L'expérience passée montre que le gouvernement canadien a tendance à réduire les périodes d'amortissement pour protéger la stabilité économique.
En 2007, une tentative d'autoriser des amortissements de 40 ans a été rapidement annulée après la crise hypothécaire américaine. Actuellement, la période maximale est de 25 ans pour les emprunteurs assurés, et 30 ans pour les emprunteurs non assurés.
La proposition de Donald Trump d'introduire des prêts hypothécaires de 50 ans aux États-Unis semble peu réaliste et pourrait ne pas être applicable au Canada. Les différences fondamentales dans le système hypothécaire et la gestion des risques rendent cette idée peu attrayante pour les experts. Ainsi, la réduction des risques et la protection de l'économie restent des priorités pour le Canada.