Ce samedi, des centaines de milliers de partisans du maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, se sont rassemblés sur la rive orientale du Bosphore. À l'appel du principal parti d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), cette mobilisation a marqué l'une des plus grandes manifestations en Turquie depuis plus d'une décennie. La colère des manifestants ne faiblit pas face à l'emprisonnement de leur maire, principal rival du président Tayyip Erdogan.
Malgré une répression continue et des mesures de sécurité renforcées, la foule a brandi des drapeaux et des banderoles. Le rassemblement, intitulé « Liberté pour Imamoglu », a été un cri de ralliement pour ceux qui souhaitent voir la justice prévaloir. « Si la justice se tait, le peuple parlera », pouvait-on lire sur une des banderoles parmi la foule.
Le lieu de rassemblement était sous haute surveillance policière, mais cela n'a pas dissuadé les manifestants. Gunay Yildiz, un ancien employé de la municipalité, a déclaré : « Je n’ai pas peur et je continuerai à résister. » Cette détermination est partagée par de nombreux jeunes, comme Melis Basak Ergun, qui insiste sur le fait que le peuple élit ses gouvernants.
Les manifestants dénoncent l'arrestation d'Imamoglu, qu'ils jugent arbitraire. Le maire a été arrêté sur des accusations de soutien au terrorisme et de corruption. Le CHP s'apprêtait à le désigner comme candidat pour la présidentielle de 2028, ce qui renforce l'idée d'un effort politisé pour entraver sa carrière.
Depuis le 19 mars, des milliers de Turcs descendent dans la rue chaque jour. Les manifestations, pour la plupart pacifiques, ont conduit à près de 2 000 arrestations à travers le pays. Selon le ministre de l'Intérieur, 260 personnes ont été emprisonnées en attendant leur procès. Le chef du CHP, Ozgur Ozel, a souligné que des millions de Turcs réclament la libération d'Imamoglu.
Les accusations portées contre le maire sont perçues comme infondées et motivées par des considérations politiques. Ozel a même appelé au boycott des médias et des marques jugées pro-Erdogan, renforçant l'unité des manifestants.
Le président Erdogan, qui domine la politique turque depuis plus de deux décennies, a qualifié les manifestations de « spectacle ». Il a mis en garde contre des conséquences juridiques pour les organisateurs et a appelé le CHP à cesser de « provoquer » la population. Cette réponse du gouvernement montre la tension croissante entre le pouvoir en place et les citoyens.
La lettre d'Imamoglu, lue lors du rassemblement, a été accueillie par des acclamations. « Je n’ai pas peur, vous êtes derrière moi et à mes côtés », a-t-il écrit, soulignant l'unité du peuple contre l'oppression. Cette mobilisation témoigne d'un désir profond de changement en Turquie.
Les manifestations à Istanbul sont un reflet de la colère croissante envers le gouvernement d'Erdogan. Alors que la répression se poursuit, la détermination des manifestants à défendre leurs droits et à réclamer justice reste forte. L'avenir politique d'Imamoglu et la direction de la Turquie demeurent incertains, mais la voix du peuple se fait entendre avec force.