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L'histoire oubliée de l'Inde et de son expérience avec le régime présidentiel

Publié le : 9 juin 2025

Une histoire oubliée du passage de l'Inde au régime présidentiel

Dans les années 1970, sous l'imposition de l'État d'urgence par la Première ministre Indira Gandhi, l'Inde a connu une période où les libertés civiles étaient suspendues. La plupart des opposants politiques étaient emprisonnés. Dans ce contexte autoritaire, son gouvernement a commencé à réimaginer le pays, comme le révèle l'historien Srinath Raghavan dans son nouveau livre.

Dans "Indira Gandhi et les années qui ont transformé l'Inde", le Professeur Raghavan montre comment les hauts fonctionnaires de Gandhi ont commencé à promouvoir un système présidentiel. Ce système visait à centraliser le pouvoir exécutif, à marginaliser un judiciaire "obstructionniste" et à réduire le parlement à un simple chœur symbolique.

Les débuts d'une ambition présidentielle

En septembre 1975, BK Nehru, un diplomate chevronné et proche de Gandhi, a salué l'État d'urgence comme une "force de la nature" et a exhorté Gandhi à saisir cette opportunité. Il a exprimé que la démocratie parlementaire n'avait pas su répondre aux besoins de l'Inde. Nehru a proposé un président élu directement, capable de prendre des décisions difficiles dans l'intérêt national.

Nehru imaginait un mandat présidentiel unique de sept ans, un système de représentation proportionnelle au parlement, et un judiciaire aux pouvoirs restreints. Il a même suggéré de retirer la justiciabilité des droits fondamentaux, tels que le droit à l'égalité et la liberté d'expression.

Support au sein du Congrès

Les idées de Nehru ont rencontré un soutien enthousiaste de la part de dirigeants du Congrès, tels que Jagjivan Ram. Le ministre en chef de l'État du Haryana a même proposé de nommer Indira Gandhi présidente à vie. Cependant, d'autres, comme M. Karunanidhi du Tamil Nadu, n'étaient pas convaincus par cette vision.

Lorsque Nehru a rapporté à Gandhi, elle est restée indécise. Elle a demandé à ses plus proches conseillers d'explorer ces propositions. Un document intitulé "Un nouvel examen de notre Constitution : quelques suggestions" a été rédigé en secret, proposant un président avec des pouvoirs supérieurs à ceux de son homologue américain.

Les conséquences de l'amendement constitutionnel

Bien que l'idée d'un système présidentiel ne se soit jamais concrétisée, son ombre a plané sur le quarante-deuxième amendement, adopté en 1976. Cet amendement a élargi les pouvoirs du parlement et a limité le contrôle judiciaire. Il a également facilité le déploiement des forces armées dans les États et a prolongé le règne présidentiel de six mois à un an.

Ce n'était pas encore un système présidentiel, mais cela portait son empreinte. Le journal The Statesman a averti que cet amendement "penchait le balance constitutionnelle en faveur du parlement".

Un retour aux sources démocratiques

Après la défaite surprise de Gandhi en 1977, le Parti Janata a rapidement tenté de restaurer les équilibres démocratiques en annulant certaines des dispositions autoritaires du quarante-deuxième amendement. Cependant, Gandhi a retrouvé le pouvoir en janvier 1980, et l'idée d'un système présidentiel a refait surface.

En 1982, alors que le mandat du président Sanjiva Reddy touchait à sa fin, Gandhi a envisagé de devenir présidente. Son secrétaire principal a révélé qu'elle était "très sérieuse" à ce sujet. Finalement, elle a choisi de nommer Zail Singh, son ministre de l'Intérieur, à la présidence.

Conclusion

Malgré des tentatives et des discussions autour d'un système présidentiel, l'Inde n'a jamais franchi le pas. La question demeure : Gandhi, femme politique tactique, s'est-elle retenue ? Ou bien l'Inde n'avait-elle tout simplement pas d'appétit pour un changement radical ? L'histoire de ces ambitions présidentielles reste une facette fascinante de l'évolution politique indienne.

Inde - L'histoire oubliée de l'Inde et de son expérience avec le régime présidentiel