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Le Limbo de l'"indépendance" judiciaire en Espagne : Seuls les juges ou aussi les politiques, la fracture du nouveau CGPJ ?

Publié le : 9 février 2025

Introduction

Le jeudi dernier, le délai pour qu'un groupe de travail composé de membres progressistes et conservateurs parvienne à un accord sur la méthode de sélection des 12 membres judiciaires du CGPJ a pris fin. Un jour auparavant, ce corps de gouvernance des juges s'est réuni lors d'une plénière extraordinaire pour respecter les exigences de la Disposition Additionnelle de la Loi Organique 3/2024.

Accord et désaccord

Un accord a été atteint, mais il représente en réalité la consommation du désaccord. Ce groupe s'attendait à une proposition établissant la participation directe des juges et magistrats dans l'élection des membres du Conseil. Ils ont examiné les systèmes européens similaires et se sont référés à l'article 122 de la Constitution.

La proposition du CGPJ, selon la disposition issue du pacte entre le PSOE et le PP, devait être évaluée positivement par le rapport de l'État de Droit de la Commission Européenne. Après six mois, le CGPJ a produit un rapport unique, mais qui inclut deux propositions, confirmant ainsi la fracture entre les conservateurs et les progressistes.

Les enjeux politiques

Une fois le document approuvé par le Plénum du CGPJ, il est transmis au Gouvernement, au Congrès et au Sénat. La disposition additionnelle stipule que les titulaires de l'initiative législative doivent élaborer un projet de loi de réforme du système de sélection des membres judiciaires. Cependant, le rapport final avec deux propositions sert d'excuse pour que les partis n'initient aucune action.

Le PSOE, en particulier, est réticent à tout changement dans le modèle en place depuis le premier gouvernement de Felipe González. Les conservateurs, quant à eux, estiment que le système actuel est dépassé après 40 ans d'application, face à une ingérence politique croissante.

Différences de vision

La principale divergence réside dans le système de sélection. Les conservateurs souhaitent que les membres judiciaires soient choisis par leurs pairs, afin de garantir leur indépendance et de les dissocier de tout intérêt partisan. En revanche, les progressistes craignent un risque de corporatisme et soutiennent que la participation des Cortes, après une pré-sélection par les juges, représente mieux le pluralisme.

Les deux parties s'accordent à dire que les Cortes ont le pouvoir constitutionnel d'élire quatre membres chacune, mais aujourd'hui, elles influencent la pré-sélection de la magistrature. Cela renforce l'idée que tout le système est imprégné de considérations politiques.

Propositions divergentes

Les propositions des progressistes ressemblent à l'actuel système, garantissant la présence de toutes les catégories de la carrière judiciaire. Ils prévoient deux magistrats du Suprême, quatre juges et six magistrats, avec des candidatures pouvant être proposées par des associations ou individuellement. Les juges choisiraient ensuite six magistrats du Suprême, 24 magistrats et 12 juges.

Les conservateurs, de leur côté, proposent une Junta électorale avec des magistrats du Suprême pour superviser le scrutin. Cette Junta serait responsable de la sélection des 12 membres élus, en veillant à respecter les critères de parité. Les propositions individuelles nécessiteraient le soutien de 25 membres ou d'une association judiciaire.

Risques et préoccupations

Chaque partie exprime ses inquiétudes face aux propositions de l'autre. Les conservateurs craignent que la participation des Cortes mène à un partidisme accru. Les progressistes, quant à eux, jugent cet argument populiste et affirment que l'élection directe nécessiterait des mécanismes de pluralisme, équilibrant ainsi la tendance conservatrice de la carrière judiciaire.

Ils soutiennent que cette participation est essentielle pour garantir une représentation équitable et éviter une domination d'un seul courant politique au sein du système judiciaire.

Conclusion

En somme, le débat sur la sélection des membres du CGPJ met en lumière des tensions profondes entre les visions progressistes et conservatrices. Alors que des propositions sont sur la table, la fracture politique demeure, rendant difficile toute avancée significative dans la réforme du système judiciaire.

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