Javier Escribano, Président d'Em&m : "Soit nous créons un champion national en défense avec Indra, soit nous allons manger les miettes en Europe"

Introduction

Javier Escribano a été nommé président d'EMandM en janvier dernier. Cette entreprise, basée à Alcalá de Henares, a évolué d'un atelier familial de mécanisation dans les années 80 à premier actionnaire privé d'Indra, une multinationale espagnole de technologie.

Contexte de la nomination

Peu après sa nomination, la crise a conduit à la fin de la présidence de José María Álvarez Pallete chez Telefónica, entraînant des changements majeurs. Lorsque Pallete a été remplacé par Marc Murtra, Javier Escribano est passé de CEO à président d'EMandM.

Son frère, Ángel, a également été nommé président d'Indra. La situation évolue rapidement, et Indra a récemment annoncé qu'elle envisageait une fusion avec EMandM, renforçant ainsi leur position dans le secteur de la défense.

Implications de la fusion

Le gouvernement espagnol s'engage à augmenter les investissements dans la sécurité et la défense, atteignant 2 % du PIB. Cette fusion pourrait permettre à l'industrie espagnole de défense de gagner en taille et en compétitivité sur le marché européen.

Javier Escribano souligne l'importance de créer une entreprise nationale avec de réelles capacités industrielles. "Où en serons-nous si nous attendons que les Allemands et les Français viennent nous aider ?" s'interroge-t-il.

Défis et opportunités

La fusion pourrait également permettre à l'industrie espagnole de cesser de subir la concurrence européenne pour les contrats locaux. "Indra seule ne peut pas réaliser certains projets sans notre expertise en fabrication", explique-t-il.

EMandM a réalisé environ 300 millions d'euros de chiffre d'affaires l'année dernière, avec une majorité de clients étrangers. L'entreprise a une forte demande, avec un carnet de commandes dépassant 1 milliard d'euros.

Stratégie et avenir

Javier Escribano insiste sur l'importance d'apprendre des erreurs passées dans la vente d'entreprises espagnoles. La crise géopolitique mondiale a poussé l'Europe à reconnaître la nécessité d'une industrie de défense robuste.

Il note que le secteur financier s'intéresse de près à cette fusion, avec des banques comme JP Morgan et Goldman Sachs exprimant leur soutien. "Nous avons travaillé dur pour nous établir, et maintenant nous avons un fort soutien financier", affirme-t-il.

Politisation et gouvernance

Javier exprime ses préoccupations concernant la politisation de la fusion avec Indra. Il craint que la participation de son entreprise puisse susciter des critiques sur le transfert de la propriété vers le secteur privé.

Il assure que, si la fusion se concrétise, il n'interviendra pas dans la gouvernance d'Indra. "Je veux diriger notre production ici à Alcalá", déclare-t-il, tout en reconnaissant que la fusion dépasse la simple logique industrielle.

Conclusion

Les frères Escribano naviguent dans un paysage complexe où la politique et l'industrie se croisent. Ils cherchent à établir une entreprise nationale solide dans le secteur de la défense, tout en évitant les pièges de la politisation. La fusion avec Indra pourrait être un pas décisif vers cet objectif.