Le mantra de l'industrie de la défense espagnole est désormais fabricar, fabricar, fabricar. Après des décennies de marginalisation, des événements récents comme la guerre en Ukraine et le retour de Donald Trump à la Maison Blanche ont propulsé ce secteur au premier plan. L'Europe, avec les fonds Next Generation, considère désormais la défense comme une priorité essentielle.
Les pays membres de l'Union européenne s'engagent à mobiliser 800 milliards d'euros pour des dépenses militaires d'ici 2030. L'Espagne, en tant que huitième exportateur mondial d'armes, doit contribuer significativement à ces efforts. Le gouvernement espagnol, sous la direction de Pedro Sánchez, fait face à la pression d'augmenter les dépenses de défense de 1,3 % à près de 3 % du PIB.
Cette escalade nécessite un investissement annuel de 5 milliards d'euros. Cependant, des incertitudes demeurent quant à la répartition de ces fonds entre les dépenses sociales et les infrastructures. Les discours militaires, autrefois évités, s'intègrent désormais dans le vocabulaire politique, évoquant drones, cybersécurité et véhicules blindés.
La capacité de production de l'industrie de défense espagnole est mise à l'épreuve par un manque d'infrastructures et de personnel. Le président d'Indra, Ángel Escribano, a souligné la nécessité d'une réaction rapide face à cette situation. En revanche, Rheinmetall, un acteur allemand, a investi près de 8 milliards d'euros pour augmenter sa capacité de fabrication en Espagne.
Les entreprises espagnoles, telles qu'Indra, commencent à élaborer des plans d'expansion pour répondre à la demande croissante. Toutefois, la pérennité de ces projets dépend d'un engagement à long terme en matière d'investissements et de ressources.
Le secteur de la défense espagnole est en pleine transformation. Des entreprises comme Indra cherchent à accroître leur capacité de production en prenant le contrôle de programmes stratégiques. Par exemple, la prise de contrôle de la fabrication de véhicules blindés montre une volonté claire de reconversion industrielle.
Le CEO d'Indra, José Vicente de los Mozos, vise à établir des normes de projet et à créer de véritables usines qui génèrent des économies d'échelle. Cette approche souligne l'importance d'une connexion entre l'industrie automobile et celle de la défense.
La fragmentation du secteur de la défense en Europe a conduit à une concurrence accrue. Des projets comme le développement de la fabrication de systèmes de lancement de roquettes et le soutien logistique en Andalousie illustrent cette dynamique. Ces initiatives visent à créer des synergies entre les différents acteurs du secteur.
Les grandes entreprises, telles que Navantia et Airbus, continuent de jouer un rôle central. Leurs projets militaires en Espagne, comme le programme Eurodrone, créent des opportunités pour les PME et les fournisseurs spécialisés.
Le secteur de la défense espagnole se trouve à un tournant crucial. La nécessité d'une planification stratégique et d'un engagement institutionnel à long terme est plus évidente que jamais. Les investissements dans l'infrastructure et la capacité de production doivent être perçus comme une priorité nationale, garantissant ainsi la stabilité et la sécurité du pays.