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L'industrie du pillage des débris du régime de Bashar Al-Assad

Publié le : 12 février 2025

La situation à Qaboun après la guerre

La présence du nouveau gouverneur de Damasco, Maher Marwan, a attiré des dizaines de résidents de Qaboun. Cette réunion témoignait de l’état précaire du quartier. Les habitants se sont rassemblés sur le toit d’une ancienne mosquée, bien que le bâtiment soit en ruine. Il reste debout, une île entourée de débris.

Les retours des habitants à Qaboun sont marqués par l'absence de logements. Un imam a souligné que sa maison n’était plus qu’un amas de pierres à plusieurs centaines de mètres. Avant la révolte de 2011, Qaboun abritait plus de 30 000 personnes, devenant l'un des premiers lieux de manifestations contre le régime.

Les conséquences de l'assaut militaire

En juillet 2012, l'armée a commencé à bombarder le quartier avec des tanks, imposant un siège total. Ce n’est qu’en 2017 que les rebelles ont accepté d’évacuer vers Idlib. La destruction de Qaboun a été marquée par des bombardements, des avions et des barils explosifs.

Hamed Taisir, un habitant de 59 ans, se souvient que la destruction s'est intensifiée lorsque le contrôle a été repris. Les forces ont commencé à démolir les maisons, une à une. Ahmed Nuemi, dont la maison a disparu, indique que 90 % de Qaboun a été détruit.

Le pillage systématique des ruines

Le pillage des ruines est devenu une industrie pour le régime de Bashar Al-Assad. Les normes de partage du butin étaient strictes. La Quatrième Division s’appropriait le cuivre, tandis que d'autres milices prenaient l'aluminium et le fer. Les shabiha se partageaient les restes.

Mahmud Abu Azzam, un résident de 67 ans, explique que des excavatrices et des tracteurs étaient utilisés pour démolir les bâtiments. Les équipes de pillards, parfois plus d’un centaine de personnes, se concentraient chaque jour à Qaboun pour détruire et dépouiller le quartier.

Les enjeux économiques du pillage

Une enquête a révélé que le commerce des débris a débuté grâce à un entrepreneur d'Alep, Mohamed Rabie Afar. Son assassinat en 2016 a ouvert la voie à d'autres acteurs liés au régime, comme Khader Ali Taher. Ces "seigneurs de la guerre" avaient leurs propres milices, soutenant le régime tout en protégeant leurs affaires.

Les entreprises spécialisées dans le recyclage des métaux et la récupération des ruines ont prospéré. La Quatrième Division recevait des paiements mensuels pour faciliter le passage des camions de débris. Les zones de pillage étaient souvent celles où la résistance s'était opposée au régime.

La destruction des infrastructures

La destruction systématique a également touché d'autres quartiers, comme Wadi al Jouz. Ce quartier a été rasé sous prétexte de réhabilitation, tandis que d'autres zones habitées par des Alawites ont été épargnées. Les bulldozers sont arrivés sans avertissement, forçant les habitants à fuir.

Les lois de 2018, notamment les Loi N°3 et 18, ont facilité la confiscation des propriétés. De nombreux habitants, en exil ou craignant des arrestations, n'ont pas pu prouver leur propriété, ce qui a conduit à une destruction massive.

Conclusion

La situation à Qaboun et dans d'autres régions démontre les défis auxquels font face les nouvelles autorités de Damas. Avec près de 7,4 millions de déplacés, la reconstruction semble un défi colossal. Lors d'une rencontre, Maher Marwan a reconnu que rien ne pourrait être pire que ce que les habitants ont vécu sous le régime. Cependant, cette déclaration soulève des questions sur l'avenir.

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