Les hôpitaux de l'Ontario ont dépensé 9,2 milliards de dollars pour des agences de personnel à but lucratif au cours de la dernière décennie. Cette révélation survient alors qu'un hôpital prévoit de cesser son utilisation des services temporaires d'ici septembre. Les hôpitaux se tournent vers ces agences lorsque les quarts de travail ne peuvent pas être remplis, aggravant ainsi les pénuries de personnel.
Selon une étude récente, les dépenses des hôpitaux en infirmiers d'agences et autres travailleurs augmentent plus rapidement que pour le personnel permanent. Le rapport, intitulé Hollowed Out, a été commandé par le Centre canadien de politiques alternatives. Il met en lumière l'augmentation des dépenses en personnel de 2013 à 2023.
Les établissements de santé font appel à ces agences lorsque les quarts de travail ne sont pas couverts par des employés permanents. Les travailleurs temporaires coûtent jusqu'à trois fois le tarif horaire habituel, selon les hôpitaux. Ce coût a presque doublé, passant de 21 à 41 dollars par habitant durant la période étudiée.
Andrew Longhurst, économiste politique et auteur du rapport, souligne que cette dépendance aux agences privées crée un cycle vicieux. Les hôpitaux deviennent de plus en plus dépendants de ces services coûteux, alors que la crise de personnel dans le secteur public s'aggrave. Cela entraîne des délais d'attente plus longs pour les patients, tant aux urgences que pour les opérations programmées.
La situation est exacerbée par l'austérité fiscale provinciale, qui fragilise les hôpitaux face à une croissance démographique et un vieillissement de la population. Cela met encore plus de pression sur le système de santé.
Au Markham Stouffville Hospital, les équipes travaillent à réduire leur dépendance aux agences privées. Le président et directeur général, Mark Fam, a déclaré : "Notre objectif est d'être sans agence d'ici la fin septembre." Grâce à des formations et à des soutiens offerts aux nouvelles infirmières, l'hôpital a réussi à diminuer son recours aux agences de deux tiers.
Le gouvernement provincial finance la formation des nouveaux diplômés en soins infirmiers. Le programme de garantie pour les diplômés en soins infirmiers de l'Ontario offre 20 semaines de financement pour aider ces nouveaux diplômés à s'intégrer dans la pratique à temps plein.
Longhurst note que les budgets des hôpitaux sont particulièrement tendus dans les régions plus petites et nordiques de l'Ontario. En 2022-23, les coûts des agences privées ont représenté une part plus importante des dépenses en personnel, atteignant 17 % dans le Nord-Ouest de l'Ontario.
En 2022, l'Ontario avait les dépenses hospitalières par habitant les plus basses du Canada, à 1 805 dollars, derrière la Colombie-Britannique et le Québec. Longhurst avertit que si cette tendance se poursuit, le système de santé public pourrait avoir des difficultés à répondre aux besoins des patients de manière rentable.
Les coûts des agences de personnel à but lucratif continuent de croître, mettant à mal le système de santé en Ontario. Les hôpitaux tentent de réduire leur dépendance à ces services coûteux, tout en faisant face à des défis de personnel croissants. La situation nécessite une attention urgente pour garantir un système de santé durable et efficace.