Pino Aprile, dans son ouvrage Nuevo elogio del imbécil, affirme que la stupidité n'est plus un accident évolutif, mais une véritable avantage adaptatif. Cette provocation interpelle ceux qui mesurent encore l'intelligence collective à travers des indicateurs comme le PIB. Pour éviter de devenir un exemple de sélection inversée, l'Europe doit réévaluer ses priorités.
Pour l'Europe, la première innovation économique du XXIe siècle ne réside pas dans la technologie, mais dans la nécessité de retrouver le pensée critique. Pourtant, la tendance est de chercher des solutions à l'extérieur plutôt que de construire à l'intérieur. L'Europe attend un moteur depuis des années, mais ne le trouve pas.
Allemagne, autrefois moteur de croissance, n'avance plus. Le continent se demande qui prendra la relève. Cependant, peut-être que la question est mal posée. L'Europe n'a pas besoin d'une nouvelle locomotive, mais d'une stratégie commune qui unisse et responsabilise tous les pays.
Le modèle économique allemand, qui a longtemps été une référence, est désormais en phase d'épuisement. Les chaînes d'approvisionnement se sont brisées et l'Allemagne ne peut plus stabiliser l'euro comme avant. Ce n'est pas une perte de force, mais plutôt un changement de contexte qui freine son développement.
Son aversion au déficit est une précaution, pas un dogme. Cette lenteur n'est pas de la négligence, mais une manière d'être cohérent. Dans cette logique, se cache une leçon d'intégrité institutionnelle que d'autres pays européens ont oublié.
Bien que l'Espagne connaisse une certaine croissance, cela se fait sans plan clair. Il n'existe pas de stratégie sérieuse pour la productivité ou la réforme de l'État. La croissance repose sur des financements externes, souvent dans des secteurs peu évolutifs.
Le paradoxe européen se dessine : le nord s'arrête par des principes, tandis que le sud avance sans but. Pendant ce temps, l'idée d'un moteur unique obscurcit la vision de l'avenir.
Pour l'avenir, l'Europe n'a pas besoin d'une nouvelle Allemagne, mais d'une géométrie différente. Plus distribuée et consciente de ses interdépendances, elle doit cultiver le leadership à partir de multiples fronts. Le développement ne dépend plus de qui tire le plus fort, mais de qui sait mieux s'intégrer.
Il est essentiel de repenser les règles et les mentalités. Les économies les plus résilientes ne sont pas les plus rapides, mais celles qui transforment la diversité en cohésion et la complexité en avantage stratégique.
En somme, l'Europe doit évoluer au-delà des illusions et des chiffres optimistes. La responsabilité du développement doit primer sur l'auto-illusion. Comme l'a dit Octavio Paz, "la critique est la forme la plus haute de la lucidité". Seule une réflexion critique permettra un véritable progrès, tant en politique qu'en économie.