Alors que les tensions montent, des Polonais ordinaires s'inscrivent pour des formations militaires. À proximité de Wroclaw, ils attendent de recevoir des armes et d'apprendre à tirer. Ce samedi matin, le programme "Entraînez-vous avec l'Armée" enseigne également le combat rapproché, les premiers secours, et comment mettre un masque à gaz.
Le coordinateur du projet, le capitaine Adam Sielicki, souligne que "les temps sont dangereux, nous devons être prêts". Le programme, très demandé, pourrait être élargi pour former chaque homme adulte en Pologne. Le pays, qui partage des frontières avec la Russie et l'Ukraine, prévoit de dépenser près de 5 % de son PIB en défense cette année, un des taux les plus élevés de l'OTAN.
Le Premier ministre Donald Tusk a récemment affirmé que la Pologne vise à construire "la plus forte armée de la région". Pour cela, Varsovie a intensifié ses achats d'équipements militaires, incluant des avions et des systèmes d'artillerie. Dariusz, participant au cours, se dit prêt à défendre son pays en cas d'attaque.
Pour lui, "l'histoire nous a appris que nous devons être préparés à nous défendre". D'autres, comme Agata, craignent que l'élection de Donald Trump ait rendu la situation plus précaire, renforçant leur sentiment d'insécurité face à une possible agression.
Les déclarations de Donald Trump et de son administration suscitent des inquiétudes à Varsovie. Lors d'une visite à Varsovie, le secrétaire américain à la Défense a averti que la présence des troupes américaines en Europe "ne durera pas éternellement". Actuellement, 10 000 soldats américains sont stationnés en Pologne.
Le retrait prévu d'une base militaire à Rzeszow a augmenté les craintes parmi les Polonais. De plus, la relation entre Trump et le président ukrainien Zelensky, ainsi que ses éloges pour Poutine, alimentent les préoccupations sur la sécurité de la Pologne.
Wanda Traczyk-Stawska, âgée de 98 ans, se souvient de l'invasion russe de 1939. À cette époque, elle avait 12 ans et se rappelle de l'inquiétude de son père. "Nous savions que la Russie avait attaqué", dit-elle. Son histoire met en lumière la mémoire douloureuse de l'occupation russe.
Avec environ 216 000 militaires actuellement, le gouvernement polonais prévoit d'augmenter ce chiffre à 500 000, y compris les réservistes. Cela ferait de l'armée polonaise la deuxième plus grande de l'OTAN après celle des États-Unis.
Dans un entrepôt du sud de la Pologne, une entreprise a construit un bunker en réponse à une demande croissante. Janusz Janczy, son dirigeant, explique que ces abris sont conçus pour protéger contre les attaques armées et nucléaires.
Il constate une forte augmentation des demandes depuis l'élection de Trump. "Avant, je ne recevais que quelques appels par mois. Maintenant, c'est des dizaines par semaine", dit-il, soulignant la peur des Polonais face à la Russie.
La Pologne se prépare activement à une éventuelle menace militaire. Entre l'entraînement des civils, la consolidation des forces armées et la construction de refuges, la nation fait face à ses craintes historiques. Le sentiment général est que, malgré les incertitudes, il est préférable d'être préparé que de rester passif.