Cette semaine, les équipes de déneigement de Montréal font face à un défi sans précédent. Deux importantes tempêtes consécutives ont laissé plus de 70 centimètres de neige à dégager. Cependant, la ville est équipée de machines bien plus puissantes qu'auparavant pour faire face à cette situation.
Jusqu'au début du 20ème siècle, Montréal devait compter sur des charrues tirées par des chevaux et sur des personnes avec leurs pelles pour dégager la neige. Dans certains cas, la neige n'était même pas enlevée, comme le montrent des photos d'archives. Les petites rues de la ville et les routes rurales restaient souvent fermées pendant les mois d'hiver, a expliqué Yves Laberge, historien et sociologue.
Laberge souligne que cela représentait un véritable problème. Après une forte tempête de neige, il fallait plusieurs jours pour retrouver une vie normale. Dans les zones rurales du Québec, certaines localités étaient complètement isolées des autres pendant l'hiver.
À partir du milieu des années 1800, les résidents de Montréal étaient responsables du déneigement des trottoirs et souvent des routes devant chez eux. Cela a changé au début du siècle, lorsque la ville a pris en charge cette tâche. Des ouvriers étaient alors embauchés pour pelleter la neige pour 25 cents de l'heure, transportée ensuite dans des chariots tirés par des chevaux.
En 1928, la ville de Montréal a acheté son premier souffleuse à neige, inventée par Arthur Sicard. Inspiré par une moissonneuse dans un champ, Sicard a conçu un appareil capable de souffler la neige à plus de 25 mètres.
Sicard a vendu ses premières souffleuses à neige aux villes d'Outremont et de Montréal en 1927. À cette époque, Montréal utilisait déjà davantage de charrues motorisées pour le déneigement. En 1938, la ville a acquis deux autres souffleuses de l'entreprise de Sicard, qui comprenaient un mécanisme hydraulique sophistiqué.
Un document gouvernemental du Québec a décrit ces machines comme des "monstres insatiables" capables de projeter la neige à 23 mètres. Cette innovation a radicalement changé la relation de la ville avec l'hiver, et Sicard a été célébré comme un véritable génie.
Avec la montée de l'automobile, la pression sur les équipes de déneigement a augmenté. En 1962, le directeur de la ville, J.-V. Arpin, a souligné que le défi était immense, avec plus d'un million de personnes dans le centre-ville chaque jour. Les automobilistes s'attendaient à trouver des routes dégagées après une tempête nocturne.
De nos jours, ce défi est encore plus grand, avec environ 800 000 véhicules enregistrés sur l'île. La maire Valérie Plante a récemment appelé à la patience, affirmant que tous les efforts étaient déployés pour faire face à cette tempête historique.
Le déneigement à Montréal a évolué grâce à des innovations comme celles d'Arthur Sicard. Bien que les défis persistent, il est essentiel de se rappeler les luttes du passé face aux tempêtes de neige. Ces défis font partie intégrante de l'identité des Montréalais et des Canadiens.