Des fonctionnaires iraniens ont rencontré ce vendredi à Istanbul des représentants de la France, de l'Allemagne et du Royaume-Uni. L'objectif est de relancer les discussions nucléaires, face à la menace européenne de réactiver les sanctions internationales contre Téhéran. Ces trois pays européens, appelés bloc E3, sont les signataires originaux du pacte nucléaire.
Ce pacte visait à limiter l'enrichissement de l'uranium iranien, mais a été compromis en 2018 suite au retrait des États-Unis. Au cours des derniers mois, le bloc E3 a tenu plusieurs réunions à Genève avec des responsables iraniens. La dernière rencontre a eu lieu il y a un mois, pendant le conflit entre l'Iran et Israël.
Depuis ce conflit, Téhéran a intensifié sa méfiance envers un nouvel accord. Le président iranien, Masoud Pezeshkian, a déclaré que l'enrichissement de l'uranium se poursuivra sur le territoire iranien, conformément aux normes internationales. Cela soulève des inquiétudes quant à la possibilité d'un nouveau pacte.
Les sanctions internationales pourraient être réactivées d'ici fin août si l'Iran ne fait pas d'efforts sérieux pour parvenir à un accord. Le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Noel Barrot, a averti que sans engagement tangible de l'Iran, les sanctions seraient mises en œuvre.
En réponse, l'Iran affirme que le mécanisme de réimposition des sanctions est illégitime depuis le retrait unilatéral des États-Unis. Le ministre des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a insisté sur le fait que les menaces de sanctions ne devraient pas guider les négociations. Il a également souligné que l'E3 ne devrait pas coordonner ses positions avec les États-Unis.
Le vice-ministre des Affaires étrangères, Kazem Gharibabadi, a exprimé son scepticisme concernant les négociations avec les Européens si celles-ci sont influencées par Washington. Il a averti que si les sanctions étaient activées, l'Iran ne montrerait aucune modération.
Si les sanctions sont mises en œuvre, Téhéran pourrait envisager de quitter le Traité de Non-Prolifération Nucléaire (TNP). Ce traité, ratifié par l'Iran en 1970, vise à empêcher la propagation de la technologie nucléaire. Si l'Iran se retire, il deviendrait le deuxième pays à le faire, après la Corée du Nord.
De plus, Téhéran a affirmé que tout accord futur concernant son programme nucléaire devrait inclure l'enrichissement, qu'il considère comme un droit. Le chef de la diplomatie iranienne a également exprimé une volonté de reprendre les discussions avec les États-Unis, malgré la méfiance persistante.
Gharibabadi a déclaré qu'une délégation d'inspecteurs de l'agence atomique OIEA se rendrait bientôt en Iran, marquant leur première visite depuis le conflit avec Israël. Bien que la délégation ne puisse pas visiter les installations nucléaires, elle rencontrera des scientifiques iraniens.
Le chef de la délégation a insisté sur l'importance de rétablir la confiance entre les parties. Il a souligné que les États-Unis doivent se montrer honnêtes dans les négociations pour regagner la confiance de l'Iran.
Les discussions nucléaires à Istanbul représentent une opportunité cruciale pour l'avenir des relations internationales autour du programme nucléaire iranien. Le succès de ces négociations dépendra de l'engagement des deux parties à trouver un terrain d'entente. Les mois à venir seront décisifs pour l'avenir de la région.