
Vendredi soir, l’État hébreu a marqué l’histoire en devenant le premier pays à reconnaître le Somaliland, un territoire au nord de la Somalie. Ce dernier a déclaré son indépendance unilatéralement il y a 35 ans. Depuis son club de golf en Floride, Donald Trump a soulevé la question de manière provocante. « Est-ce qu’il y a vraiment des gens qui savent ce qu’est le Somaliland ? », a-t-il demandé après cette annonce d’Israël.
Cette décision a suscité des réactions immédiates de nombreux pays voisins. Mais qu’est-ce que le Somaliland exactement ? Ce territoire se situe dans l’actuelle Somalie, à la pointe de la Corne de l’Afrique. Il partage des frontières avec l’Éthiopie et Djibouti, et compte plus de 6 millions d’habitants, tout en étant bordé au nord par le golfe d’Aden.
Le Somaliland, à peine moins grand que l’Italie, a une histoire riche. Pendant des siècles, il faisait partie de l’Empire ottoman, avant de devenir un protectorat britannique à la fin du XIXe siècle. C’est à ce moment-là qu’il a été nommé « Somaliland ». Disputé par l’Italie durant la Seconde Guerre mondiale, il a été conservé par les Britanniques jusqu’à son indépendance en juin 1960.
Cependant, cette indépendance n’a duré que cinq jours. Le Somaliland a fusionné avec la Somalie italienne, formant ainsi la République de Somalie. Ce n’est qu’en 1991, après une guerre civile dévastatrice, que le Somaliland a proclamé à nouveau son indépendance. Depuis, cette déclaration n’a jamais été reconnue par la communauté internationale, jusqu’à la décision d’Israël.
Malgré l’absence de reconnaissance officielle, le Somaliland opère comme un État de facto depuis plus de trois décennies. Il possède son propre gouvernement, sa monnaie, et un système éducatif et sécuritaire. Les élections y sont jugées relativement libres par des observateurs internationaux, ce qui témoigne d’une certaine stabilité dans une région souvent troublée.
En effet, le Somaliland est considéré comme une oasis de paix au sein de la Corne de l’Afrique, qui est marquée par des conflits. La Somalie, par exemple, fait face aux menaces des islamistes shebabs, liés à Al-Qaïda. Cependant, le Somaliland n’est pas totalement épargné par la violence, comme en témoigne la récente annonce de l’ONU concernant des milliers de personnes ayant fui la ville de Las Anod.
La position géographique du Somaliland en fait un territoire stratégique. Son port, en partie géré par une entreprise émirienne, suscite l’intérêt d’Addis-Abeba, qui cherche à diversifier ses voies commerciales. La reconnaissance par Israël s’inscrit donc dans un contexte complexe, mêlant enjeux géopolitiques et conflits internes.
Récemment, un plan proposé par les États-Unis et Israël a été envisagé. Ce plan visait à relocaliser la population de Gaza vers le Somaliland, ce qui pourrait entraîner des conséquences dramatiques. L’Institution de relations internationales et stratégiques (Iris) a mis en garde contre un possible nettoyage ethnique, une perspective inquiétante.
En réponse à cette situation, les shebabs ont clairement exprimé leur opposition. Ils ont rejeté l’idée qu’Israël puisse revendiquer des parties de leur territoire. « Nous ne l’accepterons pas et nous la combattrons, si Dieu le veut », a déclaré leur porte-parole. Ils considèrent Israël comme le plus grand ennemi de la société islamique, ajoutant une dimension supplémentaire à ce conflit déjà complexe.
La reconnaissance du Somaliland par Israël ouvre un nouveau chapitre dans l’histoire de ce territoire. Bien qu’il ait fonctionné comme un État autonome, les enjeux géopolitiques et les conflits internes demeurent prégnants. L’avenir du Somaliland sera sans doute influencé par ces dynamiques, et la situation mérite d'être suivie de près.