La récente annonce du ministère de la Défense concernant une possible rupture totale des liens armementaires avec Israël pourrait avoir des répercussions significatives. En effet, la décision de cancel la commande de 1.680 missiles Spike LR2 et de retirer la technologie israélienne du véhicule lance-roquettes Silam représente un projet de plus de 700 millions d'euros. Ces deux programmes figurent parmi les plus importants liés à la technologie israélienne dans les forces armées.
Cette situation soulève des inquiétudes pour plusieurs entreprises espagnoles. Les contrats, qui incluent également des radios tactiques d'Aicox, sont en danger. Aicox et Telefónica ont proposé d'augmenter le pourcentage de montage en Espagne pour relancer le programme. Cela s'inscrit dans la stratégie industrielle du gouvernement pour atteindre 2% du PIB en dépenses de défense cette année.
La décision d'annuler ou de modifier les programmes de missiles Spike et Silam pourrait avoir des conséquences notables sur le secteur. Bien que Pap Tecnos, filiale de l'israélien Rafael en Espagne, ait remporté le contrat de 287 millions d'euros, plusieurs entreprises comme FMG, Tecnobit et Escribano sont également touchées. Ces entreprises sont les adjudicataires du projet Silam et subissent donc un impact double en raison de cette décision gouvernementale.
La situation est d'autant plus complexe que les alternatives évidentes pour remplacer ces programmes se trouvent souvent aux États-Unis. Or, les relations diplomatiques avec ce pays ne sont pas au beau fixe. L'Europe cherche à réduire sa dépendance en matière de défense vis-à-vis des États-Unis. Dans le cas des missiles Spike, les Javelin de Lockheed Martin sont souvent évoqués comme une alternative.
Parmi les alternatives européennes, les missiles Akeron, fabriqués par MBDA, émergent comme une option viable. Cette entreprise résulte de la fusion des activités de missiles d'Airbus, Bae Systems et Leonardo. Une autre possibilité serait d'envisager les EuroSpike, une version européenne du missile que le ministère souhaite annuler, fabriquée par Rheinmetall en Allemagne.
Concernant le véhicule lance-roquettes Silam, les Himars, rendus célèbres par leur utilisation dans le conflit en Ukraine, sont également une option. Cependant, leur fabrication est américaine. Actuellement, le ministère de la Défense indique qu'il étudie des alternatives technologiques pour trouver une nouvelle plateforme pour l'armée espagnole.
La décision de modifier le contrat soulève des contradictions. Lors de l'attribution du contrat à Escribano et Rheinmetall, il avait été clairement indiqué qu'ils étaient les "seules entreprises techniquement qualifiées" pour ce projet. Jusqu'à récemment, cette technologie était jugée insubstituable.
Il est probable que la réforme du contrat s'accompagne d'une extension des délais. Cela donnerait aux entreprises le temps nécessaire pour s'adapter. Ces sociétés sont en passe de devenir des créateurs d'emploi majeurs dans la province de Córdoba, un enjeu crucial pour les intérêts socialistes.
Actuellement, un seul programme avec technologie israélienne n'est pas remis en question : les pods de désignation laser pour 45 Eurofighter. Ce contrat, attribué à la société Rafael pour plus de 200 millions d'euros, a été signé fin 2023, en pleine crise à Gaza. Ces pods permettent aux pilotes de cibler avec précision des munitions guidées par laser, augmentant ainsi l'efficacité des avions de chasse.
Cependant, la nature politique de cette décision engendre une incertitude totale dans le secteur. Une annulation pourrait retarder la modernisation urgente des forces armées et entraîner des indemnisations pour les entreprises concernées.
En somme, la décision du ministère de la Défense d'annuler des contrats avec Israël soulève de nombreuses interrogations. Les conséquences pour le secteur de la défense espagnole pourraient être profondes. La recherche d'alternatives et la gestion des relations avec les entreprises locales seront cruciales pour l'avenir de la défense espagnole.