
Aux États-Unis, il existe une longue tradition de politiques et de hauts responsables publiant des mémoires sur leur expérience à la Maison Blanche. Ces livres sont souvent remplis de ragots et de critiques acerbes. Cependant, il est moins courant que ces révélations surviennent alors qu'ils sont encore en fonction.
Ce mardi, la revue Vanity Fair a publié un article basé sur une série d'entretiens entre le journaliste Chris Whipple et Susie Wiles, la cheffe de cabinet de Donald Trump. Contrairement à d'autres membres plus en vue de l'équipe, Wiles a joué un rôle secondaire, loin des projecteurs. Dans cet article, elle aborde sans détour les personnalités ambitieuses de Washington.
Wiles, qui a dirigé la campagne de réélection de Trump, ne critique pas ouvertement le président. Toutefois, elle souligne certains traits préoccupants de sa personnalité. Par exemple, elle déclare que Trump "a une personnalité d'alcoolique", même s'il ne consomme pas d'alcool. Elle explique que cette personnalité se manifeste par une conviction qu'il peut tout accomplir.
Wiles admet que l'administration a dépassé les limites en matière de déportations d'immigrants et qu'elle a plaidé pour ne pas pardonner les assaillants du Capitole, mais ses conseils n'ont pas été suivis. Elle se considère non pas comme un contrepoids à Trump, mais comme une facilitatrice de sa volonté. Par exemple, elle a tenté d'amener Trump à cesser d'utiliser son pouvoir pour régler des comptes.
Elle mentionne un "accord informel" qu'elle a conclu avec lui pour passer à autre chose, mais cela n'a pas fonctionné. Wiles affirme que Trump ne pense pas constamment à la vengeance, mais qu'il saisit les occasions qui se présentent.
Wiles, respectée dans le milieu républicain, exprime une moindre affinité avec le vice-président J.D. Vance, qu'elle qualifie d'opportuniste. Elle le décrit comme un "théoricien des conspirations" dans un contexte négatif, notamment en lien avec le scandale Epstein. Elle critique également la gestion de ce dossier par la procureure générale Pam Bondi.
Elle souligne que Bondi a fourni des informations inutiles et n'a pas su identifier les véritables enjeux. Wiles affirme que la liste des témoins n'existait pas, ce qui a contribué à la confusion autour de cette affaire.
Susie Wiles ne ménage pas ses critiques envers Elon Musk, le qualifiant d’"acteur complètement solitaire". Elle évoque ses comportements étranges, comme dormir dans un sac de couchage au bureau. Wiles décrit Musk comme un "consommateur déclaré de ketamine", ce qui soulève des questions sur sa gestion au sein du gouvernement.
Elle estime que son approche rapide a causé des dommages, affirmant que "personne de rationnel" ne pourrait penser que ses méthodes étaient efficaces. Wiles a tenté de lui faire comprendre l'importance d'une approche réfléchie, mais sans succès.
Une des révélations marquantes concerne la perception de Trump sur Vladimir Poutine. Wiles rapporte que Trump a souvent exprimé sa sympathie pour le président russe, affirmant qu'il n'aurait jamais envahi l'Ukraine s'il avait été président. Cependant, en privé, Wiles indique que Trump avait des doutes sur les intentions de Poutine.
Elle précise que l'équipe de Trump était divisée sur les objectifs de Poutine concernant l'Ukraine. Bien que le président ait affirmé que Poutine voulait la paix, Wiles révèle qu'il croyait en réalité que Poutine visait une annexion totale du pays.
Les révélations de Susie Wiles offrent un aperçu fascinant et parfois troublant de la dynamique au sein de l'administration Trump. Son témoignage met en lumière les complexités et les tensions qui existent à Washington, ainsi que les défis auxquels elle a été confrontée en tant que cheffe de cabinet. Ces éléments soulèvent des questions sur le leadership et la gouvernance dans un contexte politique tumultueux.