Dans un monde numérique en constante évolution, les jeunes du Cachemire s'efforcent de préserver leur culture. Muneer Ahmad Dar, un créateur de contenu, a lancé une page sur les réseaux sociaux pour promouvoir l'histoire et la culture de sa région. Son initiative, Muneer Speaks, a attiré plus de 500 millions d'impressions sur des plateformes comme Facebook et Instagram.
Dar a été inspiré par un calendrier dans une mosquée, où il a réalisé qu'il avait du mal à lire un poème en kashmiri. Cette prise de conscience l'a poussé à agir pour préserver sa langue et ses traditions. Ses vidéos racontent des histoires sur la vie quotidienne, la cuisine et les proverbes, capturant ainsi l'essence de la culture kashmirienne.
De nombreux jeunes créateurs émergent dans le paysage numérique du Cachemire. Ils utilisent des plateformes comme Instagram pour partager des fragments du patrimoine kashmirien. Par exemple, le compte Museum of Kashmir, dirigé par le journaliste Muhammad Faysal, documente les artefacts et traditions souvent négligés. Les vidéos y présentent des détails fascinants sur l'architecture et la poésie.
Les abonnés de Museum of Kashmir apprécient cette nouvelle perspective sur leur histoire. Un utilisateur a commenté que le patrimoine ne se limite pas aux monuments, mais inclut également les objets du quotidien que les gens emportent en quittant leur maison. Cela montre l'importance de redéfinir ce que signifie le patrimoine.
Pour assurer l'authenticité de leur contenu, les créateurs collaborent avec des chercheurs. Ils vérifient les informations avec des sources publiées tout en préservant le contexte original. Sheikh Adnan, un cinéaste, gère le compte Shawlwala, dédié aux célèbres écharpes en pashmina. Il met en avant le savoir-faire des artisans âgés, soulignant que chaque écharpe raconte une histoire unique.
Adnan souhaite que ses vidéos montrent la beauté et la résilience de la culture kashmirienne. Dans l'une de ses vidéos, une femme file du fil sur un fuseau traditionnel, illustrant l'héritage artisanal de la région. Cela permet de transmettre les récits des femmes kashmiriennes souvent méconnues.
Certains jeunes artistes adoptent une approche humoristique pour préserver leur culture. Seerat Hafiz, connue sous le nom de Yikvot, utilise la satire pour aborder des sujets allant de la littérature locale aux traductions kashmiries des classiques anglais. Elle crée des vidéos qui mélangent jeu de mots et commentaires culturels.
Hafiz explique qu'elle documente les pensées et émotions des jeunes kashmiriens, tout en jonglant entre différentes langues et identités. Son travail reflète la complexité de la vie au Cachemire, où l'humour peut être une forme de résistance face à l'adversité.
Malgré ces efforts, les créateurs de contenu font face à des défis. Muneer Dar souligne que les plateformes ne reconnaissent pas le kashmiri comme une langue régionale, ce qui affecte sa visibilité. Il doit souvent choisir l'option "autre langue" sur des plateformes comme Facebook.
Pour remédier à cette situation, le groupe littéraire Adbi Markaz Kamraz milite pour ajouter le kashmiri à Google Translate. Leur président, Mohammed Amin Bhat, reste optimiste malgré les obstacles. Ces jeunes continuent de prouver que la culture kashmirienne est vivante et qu'elle mérite d'être célébrée.
Les jeunes du Cachemire, comme Muneer Dar et Seerat Hafiz, montrent que la culture kashmirienne est loin de disparaître. Leur travail démontre un engagement fort à préserver et à partager leur patrimoine. En racontant des histoires authentiques et en utilisant des plateformes numériques, ils s'assurent que la mémoire collective du Cachemire reste vivante. "Peut-être qu'un jour, les gens oublieront mon nom", dit Dar, "mais si un seul récit kashmiri est retenu, mon travail aura eu un sens."