L'émotion ressentie en descendant les escaliers de l'ancienne basilique paléochrétienne est intense. Ce lieu sacré, où Jean a baptisé Jésus, reste inchangé depuis deux mille ans. Le Vatican a reconnu officiellement cet endroit en 2000, suite aux découvertes d’une équipe dirigée par l'archéologue jordanien Mohammad Waheed.
Dans la vallée de Wadi Kharrar, à moins d'une heure d'Ammân, l'atmosphère est paisible. Le vent souffle doucement entre les épines de Judas, tandis que les cris aigus des busards et des faucons résonnent. Ce site, à quelques mètres de la frontière avec la Cisjordanie, n'a jamais été construit auparavant, offrant un silence rare.
Cependant, ce panorama pourrait bientôt changer. Le gouvernement jordanien prévoit un vaste plan de développement touristique, soutenu par le roi Abdullah II. Ce projet représente une investissement colossal de 235 millions de dinares, soit environ 307 millions d'euros, pour construire restaurants, hôtels et autres infrastructures.
Le plan maître, révélé par Il Corriere, sera élaboré par la Baptism Site Development Zone. Ce complexe sera situé à quelques centaines de mètres de la pile baptismale, sur une superficie de plus de 50 hectares. Tharwat Masalha, président de la Baptism Site Development Zone, confirme que les travaux débuteront en 2027.
La première phase du projet, comprenant le village et le musée, sera achevée d'ici décembre 2029. Ce timing est stratégique, car 2030 marquera les deux mille ans du christianisme. La Jordanie, malgré les défis touristiques actuels, souhaite être prête pour cet événement.
Le financement de ce méga-projet provient de fonds privés. Bissan Ramahi, directeur général de Bsdz, indique que plus de 100 millions de dollars ont déjà été collectés. Des accords d'investissement ont été signés avec des donateurs notables, notamment le Fonds de Développement d'Abou Dabi et l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours.
La participation de ces entités souligne l'importance du projet. Bien que le Vatican garde un œil sur la situation, il n'y a pas encore d'investissements directs. Le roi a informé le pape du projet en 2022, ce qui montre l'intérêt croissant pour le site.
Rustom Mkhjian, ancien directeur général, est chargé de préserver l'intégrité de ce site classé au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 2014. Il souligne l'importance de protéger ce lieu, non seulement pour la Jordanie, mais pour l'humanité entière.
Mkhjian exprime ses inquiétudes quant à l'impact du projet. Il insiste sur la nécessité d'être extrêmement prudents pour éviter que le site ne perde son esprit original. Il prévient que de nombreux lieux sacrés ont été transformés en attractions touristiques sans âme, et il ne souhaite pas que cela se produise ici.
Le projet de développement autour du site de baptême de Jésus représente une opportunité unique pour la Jordanie. Toutefois, il doit être mené avec précaution pour préserver l'essence spirituelle de cet endroit. La vigilance des autorités et des organisations comme l'UNESCO sera cruciale pour garantir que ce site sacré reste un lieu de paix et de recueillement pour les générations futures.