Amy Rutherford, propriétaire d'une joueterie en Virginie, a récemment annoncé une augmentation drastique du prix de son jouet phare, un panda en peluche, passant de 32 à 80 dollars. Cette hausse a entraîné une chute des ventes. Dans sa boutique, presque tous les jouets vendus sont fabriqués en Chine, même ceux étiquetés "Fabriqué aux États-Unis".
Amy explique que les tarifs douaniers de 145 % sur les importations chinoises imposés par Washington cette année rendent son entreprise non viable. Elle ne peut pas absorber ces coûts supplémentaires. "Je n'ai pas beaucoup d'alternatives", dit-elle, soulignant la difficulté de trouver des jouets fabriqués uniquement aux États-Unis.
La guerre commerciale initiée par Donald Trump a eu des répercussions sévères sur l'industrie du jouet aux États-Unis. Environ 77 % des jouets vendus dans le pays proviennent de Chine, selon des chiffres officiels. De nombreux jouets abordables sont devenus des produits de luxe, rendant les fêtes de fin d'année incertaines pour de nombreuses familles.
Greg Ahearn, président de l'Association du Jouet, a déclaré que "la production en Chine est en déclin à un moment critique". Les entreprises comme Mattel et Hasbro, qui dépendent fortement de la chaîne d'approvisionnement chinoise, ont vu leurs actions chuter, atteignant un minimum de 52 semaines.
Chenghai, un ancien village de pêcheurs au sud de la Chine, est devenu le centre névralgique de l'industrie du jouet. Environ 12 000 fabricants et plus de 130 000 travailleurs y opèrent, représentant 30 % de la production totale de jouets en Chine. Ce pays fournit environ 75 % du marché mondial des jouets.
Au fil des ans, Chenghai a évolué grâce à l'industrialisation de la région de Canton et à sa position stratégique. Les entreprises locales ont saisi l'opportunité de développer des jouets électroniques, ce qui a conduit à son surnom de "capitale mondiale des jouets".
Face à la guerre commerciale, plusieurs analystes en Inde évoquent une "opportunité en or" pour le pays. Les exportations de jouets indiens ont augmenté, passant de 40 millions de dollars en 2014 à environ 152 millions de dollars l'année dernière. Akshay Binjrajka, président de l'Association de Jouets de l'Inde, souligne cette tendance.
Cependant, Liang Mei, présidente de la CTJPA, avertit que relocaliser la production de jouets hors de Chine à court terme n'est pas réaliste. Les détaillants américains ont établi des relations de confiance avec les fournisseurs chinois depuis des décennies, rendant difficile un changement rapide.
Malgré le ralentissement du marché américain, les jouets chinois continuent d'être exportés dans le monde entier. Cependant, des rapports indiquent que l'administration Trump tente de persuader plus de 70 partenaires commerciaux de réduire leurs liens avec la Chine. Cela pourrait affaiblir la position de négociation de Pékin avant de possibles discussions entre Trump et Xi Jinping.
Les responsables chinois ont averti qu'ils prendraient des mesures contre tout pays qui se plierait aux exigences de Trump, affirmant qu'ils protègeraient leurs intérêts. La situation demeure donc tendue, tant pour les fabricants chinois que pour les détaillants américains.
La situation actuelle de l'industrie du jouet aux États-Unis met en lumière les défis liés aux tarifs douaniers et à la dépendance vis-à-vis des chaînes d'approvisionnement chinoises. Amy Rutherford et d'autres détaillants font face à des choix difficiles, alors que la guerre commerciale continue de redéfinir le paysage du marché. L'avenir de nombreux jouets et de la période des fêtes dépendra de l'évolution de cette dynamique complexe.