Nous avons perdu l'un des plus grands journalistes d'Espagne, Fernando Lázaro. Il était un compagnon, un ami et un partenaire fidèle durant tant d'années. Un véritable « maître », comme il aimait à le dire. Sur son bureau, son éternelle t-shirt du Real Madrid et un petit autel de photos, médailles et souvenirs restent intacts. Personne n'y a touché, car c'était l'espace de Lázaro, et de personne d'autre.
Il n'y a pas un seul année de l'histoire d'EL MUNDO sans une exclusive importante de Fernando Lázaro. Il a rejoint l'équipe fondatrice après avoir été un jeune apprenti au Diario 16 et est parti par la grande porte 35 ans plus tard, acclamé par une rédaction qui l'aimait plus que quiconque.
La première information signée par Lázaro dans les archives date du 4 décembre 1989. Il s'agit d'un reportage sur le profil des députés élus cette année-là. C'était un travail de jeune rédacteur, un passage obligé pour tout journaliste politique. Le reportage était accompagné d'infographies et de photos, montrant qu'il n'était pas un simple membre de ce groupe de guerriers de la plume qui ont créé ce journal.
Rapidement, Lázaro a commencé à signer des articles sur ce qui allait devenir sa grande vocation : le journalisme de sécurité. À cette époque, écrire sur l'intérieur, c'était couvrir des affaires comme Pakito, le commando Madrid ou la fuite de Roldán. Son premier article de première page est paru le 1er mars 1990, traitant d'une offensive d'ETA avec des lettres bombes.
Le 30 mai 1991, Lázaro a signé une grande couverture concernant l'attentat d'ETA à Vic. À partir de ce moment, il a fourni des informations quotidiennes et pertinentes, incluant certaines des meilleures exclusivités du journalisme en Espagne. Le 21 mars 1995, il a publié un titre marquant sur les restes humains retrouvés, ce qui a choqué le pays.
Le 3 juillet 1997, il a réalisé une grande interview avec le garde civil qui avait sauvé Ortega Lara. En 1998, il a expliqué les enquêtes sur le réseau politique d'ETA. L'impact de ses articles était immense, comme en témoigne son titre du 14 mars 2003, qui prévenait des menaces d'attentats islamistes.
Les années suivantes ont été marquées par des affaires comme le cas Faisán, qui a révélé les négociations avec ETA, et le scandale Gürtell. Lázaro a également couvert de nombreux cas de corruption qui ont secoué la politique espagnole durant la crise économique. Sa couverture des finances de la famille Pujol en Andorre a conduit à des confessions importantes.
Il a su capturer l'essence de la pandémie à travers ses articles. Dans ses dernières années, il a ajouté des reportages sur Vox et des informations sur la Défense à son palmarès. Son dernier grand scoop concernait les images de Delcy à Barajas, prouvant qu'il restait inébranlable jusqu'à la fin.
Fernando Lázaro a laissé une empreinte indélébile dans le journalisme. Pour notre rédaction, il représentait bien plus qu'un simple journaliste. Pendant plus de trois décennies, il a été une source de joie et d'optimisme dans une profession parfois ingrate. Il connaissait les défis, ayant été menacé par ETA et critiqué par des politiciens.
Sa personnalité était unique ; il savait faire une blague tout en restant sérieux. Son intégrité et sa générosité l'emportaient sur tout le reste. Même s'il pouvait être difficile parfois, il était aussi celui qui encourageait sincèrement ses collègues dans les moments difficiles.
Les dernières paroles de Lázaro résonnent encore : « Nous avons résisté et nous résisterons ». Nous continuerons à honorer sa mémoire, pour tout ce qu'il a fait pour le journalisme et, surtout, pour son amitié. Repose en paix, Fernando. Un dernier embrassade, ami.