
Moins exubérant que d'autres dirigeants d'extrême droite, José Antonio Kast, nouvellement élu président du Chili, incarne un ultraconservatisme radical. Cet avocat de 59 ans, admirateur d'Augusto Pinochet, se distingue par ses positions tranchées sur des sujets sociétaux.
Né dans une fratrie de dix enfants, José Antonio Kast a des racines allemandes. Son père, qui a émigré au Chili après la Seconde Guerre mondiale, a fondé une entreprise de charcuterie prospère. Des enquêtes ont révélé qu'il avait été membre du parti d'Adolf Hitler, ce que Kast conteste en affirmant que son père a été enrôlé de force dans l'armée allemande.
Membre du mouvement Schönstatt, un courant catholique conservateur, Kast est marié et père de neuf enfants. Il défend une vision traditionnelle de la famille, qu'il considère comme le noyau fondamental de la société.
Bien qu'il ait évité de se prononcer sur ses positions sociétales durant sa campagne, Kast est connu pour son opposition à l'avortement, à la pilule du lendemain, au divorce et au mariage entre personnes de même sexe. Son style est jugé sobre et pragmatique, contrastant avec d'autres dirigeants comme Jair Bolsonaro.
Robert Funk, professeur de sciences politiques, souligne qu'il n'a pas une personnalité charismatique, mais il est perçu comme plus conservateur et calme. Amanda Marton, co-autrice d'un livre sur lui, le décrit comme posé et réfléchi.
Pour sa troisième candidature à la présidence, Kast a mis de côté un agenda conservateur qui lui avait coûté des voix auparavant. Sa campagne s'est concentrée sur une promesse centrale : lutter de manière implacable contre la criminalité et les migrants en situation irrégulière.
Il a menacé d'expulser les migrants sans papiers, principalement des Vénézuéliens, qu'il accuse d'être responsables de la délinquance. Lors de ses meetings, il présente le Chili comme en proie au chaos, promettant ordre et sécurité.
Les chiffres et les experts nuancent les affirmations alarmistes de Kast. Guillaume Long, analyste au CEPR, souligne que l'augmentation de l'insécurité au Chili est relative et bien inférieure à celle d'autres pays de la région. La perception de Kast semble exagérée.
Dans des moments de tension, Kast affiche un sourire nerveux et peut se montrer autoritaire. Selon la journaliste Lily Zuñiga, il impose une dynamique où les gens doivent choisir leur camp : « Soit tu es avec lui, soit il est contre toi ».
Député pendant 16 ans, Kast a quitté l'Union démocrate indépendante (UDI) en 2016, jugeant que le parti avait abandonné ses principes. En 2019, il a fondé le Parti républicain, une formation d'extrême droite qu'il dirige actuellement.
Cette évolution montre son désir de rester fidèle à ses convictions conservatrices et de rassembler ceux qui partagent sa vision pour le Chili. Son ascension politique reflète un changement significatif dans le paysage politique chilien.
José Antonio Kast représente un visage de l'extrême droite au Chili, avec des positions claires et une vision conservatrice de la société. Son parcours, ses promesses et son style politique le placent au centre d'un débat crucial sur l'avenir du pays.