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Dans l'Eure, un laboratoire teste des champignons pour dépolluer les friches industrielles

Publié le : 28 avril 2025

Introduction

En région Eure, une question se pose : certains champignons pourraient-ils dépolluer les friches industrielles ? Cette hypothèse émane de Florence Koltalo, enseignante-chercheuse à l’IUT d’Évreux. Elle a partagé ses réflexions lors d'une présentation au festival Les Anthroposcènes, soulignant l'importance de cette recherche.

Les enjeux des friches industrielles

Les friches industrielles sont nombreuses en France. En 2022, le ministère du Développement durable a recensé 10 045 sites pollués, représentant plus de 100 000 hectares de terrains souvent abandonnés. Cette situation devient préoccupante, surtout après le vote de la loi Climat et Résilience de 2021, visant à atteindre « zéro artificialisation nette » d’ici 2050.

Les communes cherchent à reconquérir ces espaces pour accueillir de nouveaux habitants et activités économiques. Cependant, la dépollution reste un défi majeur, notamment en Haute-Normandie, qui fait partie des régions les plus touchées par cette problématique.

Les méthodes de dépollution existantes

Pour dépolluer ces sites, plusieurs solutions ont été mises en œuvre, mais elles présentent toutes des inconvénients. Environ 80 % des traitements sont physiques ou chimiques, ce qui peut être inefficace pour certains polluants. Les méthodes comme l'injection d'acides ou de solvants, bien qu'efficaces, rendent le sol stérile et sont très coûteuses en raison de l'excavation nécessaire.

Florence Koltalo a proposé des alternatives basées sur l’écotechnologie et le vivant, telles que la phytoremédiation. Ces méthodes biologiques, bien que plus longues, sont moins coûteuses et moins destructrices pour l'environnement.

Les champignons comme solution

Les champignons, présents depuis 280 millions d’années, offrent des résultats prometteurs. Avec plus de 2 millions d’espèces, leur mycélium se développe plus profondément que les racines des plantes. Cela leur permet d'immobiliser et de dégrader certains contaminants, un atout précieux pour la dépollution.

Le travail de Florence Koltalo, en collaboration avec Chloé Bassimon, a permis de créer une bibliothèque de champignons adaptés à différents polluants. Cette recherche a démontré l'efficacité de ces organismes dans le traitement des sols contaminés.

Prochaines étapes des recherches

Le laboratoire CARMEN de l’université de Rouen s'apprête à passer à la phase « terrain ». Des biotertres de 10 m³ seront mis en place pour tester l'efficacité des champignons sur le terrain. Ces tas de terre, couverts et arrosés, permettront de concentrer les polluants avant traitement.

Si cette méthode s'avère efficace, elle pourrait ouvrir la voie à une nouvelle industrie dédiée à la dépollution des friches industrielles, transformant ainsi un défi environnemental en opportunité.

Conclusion

La recherche menée par Florence Koltalo et son équipe représente une avancée significative dans la lutte contre la pollution des friches industrielles. Les champignons pourraient devenir des alliés précieux dans cette bataille, offrant des solutions innovantes et durables pour un avenir plus sain.

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