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Le leader opposant à Erdoğan comparaît devant le tribunal pour la première fois depuis son arrestation

Publié le : 11 avril 2025

Comparution d'Ekrem Imamoglu devant le tribunal

Le maire d'Istambul, Ekrem Imamoglu, a comparu ce vendredi pour la première fois devant un tribunal depuis son incarcération. Cette apparition intervient au milieu de protestations massives à travers le pays suite à sa détention. Imamoglu, principal rival du président Recep Tayyip Erdogan, a été arrêté en mars pour des accusations de corruption et de terrorisme.

Son parti, le CHP, a nié ces accusations, dénonçant une ingérence du gouvernement dans la justice pour faire pression sur l'opposition. La détention d'Imamoglu a déclenché des manifestations à l'échelle nationale, exigeant sa libération et des élections anticipées.

Réactions aux manifestations

Les forces de sécurité ont répondu aux manifestations par une répression violente, entraînant plus de 1.800 arrestations, dont près d'une centaine en prison préventive. Depuis mars, les protestations et les assemblées continuent, avec des actions de boycott contre des entreprises affiliées au gouvernement et des appels à une grève générale.

Imamoglu fait face à cinq affaires judiciaires pour corruption, insultes et terrorisme, avec trois autres enquêtes qui pourraient entraîner plus de vingt ans de prison et son inéligibilité politique. Aujourd'hui, il a comparu dans le tribunal de la prison de Silivri pour une accusation de menaces contre un procureur.

Accusations et défense d'Imamoglu

Lors de cette audience, le procureur a demandé sept ans de prison pour Imamoglu. Une seconde accusation concerne la manipulation d'appels d'offres en 2015, alors qu'il était maire d'un district d'Istambul. Une troisième accusation porte sur une collecte illégale de dons en 2019.

Imamoglu a nié toutes les charges, affirmant qu'il est sur le banc des accusés à cause d'une tentative du gouvernement d'interférer dans la justice pour écarter l'opposition. "Je suis ici parce que j'ai gagné les élections à Istambul trois fois", a-t-il déclaré, en référence à sa victoire de 2019.

Critique des médias et des décisions judiciaires

Il a également critiqué le fait que la télévision publique n'ait pas diffusé l'audience en direct, car la majorité des médias sont contrôlés par des entreprises proches du gouvernement. Peu après sa déclaration, le juge a fixé une nouvelle audience pour juin.

Parallèlement, le président Erdogan a déposé une plainte de 500.000 liras turques contre le leader du CHP, Özgür Özel, pour "insultes contre le président". Cette plainte fait suite à des commentaires d'Özel qualifiant Erdogan de "leader d'une junte".

Libération de manifestants et situation des journalistes

Un tribunal a libéré 102 manifestants, principalement des étudiants, après deux semaines d'incarcération pour leur participation aux manifestations. Le juge a estimé qu'il n'était pas nécessaire qu'ils restent en prison en attendant leur procès. Cependant, 113 autres jeunes restent détenus, accusés des mêmes infractions.

Sept journalistes récemment libérés font face à une demande de la justice de trois ans de prison pour leur couverture des manifestations. Les autorités ne les considèrent pas comme des reporters, bien que leurs images aient été diffusées par des médias locaux et internationaux. Le syndicat des journalistes de Turquie a déclaré que "ni le journalisme ni la participation à des manifestations ne constituent un délit".

Conclusion

La situation d'Ekrem Imamoglu et des manifestations en Turquie met en lumière des tensions croissantes entre le gouvernement et l'opposition. Les accusations portées contre Imamoglu soulèvent des questions sur l'indépendance de la justice et la liberté d'expression dans le pays. Le climat politique reste tendu, avec des conséquences potentiellement durables pour la démocratie en Turquie.

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