BUENODIA

Les Syriens ont plus de liberté après Assad, mais pourraient-ils bientôt la perdre ?

Publié le : 18 avril 2025

Libertés en Syrie après Assad : Un avenir incertain

Le 8 décembre 2024, j'ai attendu avec impatience à la frontière libanaise, espérant entrer en Syrie dès l'ouverture du passage. Bashar al-Assad, président depuis 24 ans, était tombé. Des combattants de l'opposition avaient avancé vers Damascus, prenant des villes majeures comme Alep. La Syrie était enfin libre.

Comme beaucoup de Syriens, je n'avais connu le pays que sous le règne d'Assad et de son père Hafez. Plus de 50 ans de disparitions et d'incarcérations avaient marqué notre histoire. La guerre civile, débutée en 2011, avait coûté la vie à des centaines de milliers de Syriens. J'avais été détenu au début de l'insurrection et j'avais vu l'horreur de la répression.

Retour des exilés et nouvelles libertés

Au café Rawda, à Damascus, les intellectuels se rassemblent pour discuter librement de la culture. Sous Assad, les activistes étaient arrêtés ici. Aujourd'hui, la scène est différente. Le café accueille des concerts et des discussions ouvertes. Des figures notables ayant fui le pays sont revenues, accueillies par des musiciens.

Mohammad Ghannam, un journaliste syrien, exprime son bonheur de revenir après des mois de prison. "Tout le monde qui peut revenir devrait le faire", déclare-t-il. Odai al-Zobi, un écrivain, partage son expérience : "Il n'y a plus de censure, vous pouvez lire ce que vous voulez." Ces témoignages illustrent un changement significatif dans la société syrienne.

La scène artistique sous surveillance

La scène artistique syrienne, autrefois réprimée, connaît un renouveau. Les livres, même politiques, sont désormais exposés librement. Des clubs de cinéma projettent des films autrefois interdits. Cependant, des inquiétudes subsistent quant à de nouvelles formes de répression, notamment par des religieux.

Des événements culturels se tiennent, rassemblant des artistes et des intellectuels. Noura Murad, chorégraphe, souligne l'importance de protéger la scène artistique. Malgré ces avancées, la crainte d'une répression religieuse plane sur la liberté d'expression et d'art.

Concentration du pouvoir et démocratie fragile

Ahmed al-Sharaa, nouvellement nommé président, a promis des élections libres. Cependant, des doutes persistent quant à la capacité du gouvernement à partager le pouvoir. "Sans ouverture politique, il est difficile de réintégrer la Syrie dans la communauté internationale", affirme Ali al-Atassi.

Un dialogue national a eu lieu, mais de nombreux Syriens se sentent exclus. Bien que des mesures aient été prises pour inclure diverses voix, la méfiance demeure envers les intentions du nouveau régime. La question de la séparation des pouvoirs reste cruciale.

Les droits des femmes et la liberté religieuse

Les droits des femmes, bien que relativement avancés sous Assad, sont désormais menacés. Une seule femme a été nommée dans le gouvernement intérimaire. Des inquiétudes émergent quant à l'application d'une interprétation stricte de la loi islamique, qui pourrait restreindre les libertés des femmes.

Des signes de restrictions religieuses apparaissent, comme la séparation des entrées pour hommes et femmes. Des prêches appelant à une stricte observance de la loi islamique sont rapportés. Bien que la société syrienne ait toujours valorisé la tolérance, des tensions montent concernant la direction religieuse du nouveau gouvernement.

Conclusion : Un avenir incertain pour la Syrie

Alors que la Syrie célèbre une nouvelle ère de liberté, l'incertitude demeure. Les tensions internes, la concentration du pouvoir et les menaces sur les droits civiques pourraient compromettre ces acquis. Les Syriens doivent naviguer dans un paysage complexe, espérant que les libertés récemment acquises ne seront pas rapidement perdues.

liberté - Les Syriens ont plus de liberté après Assad, mais pourraient-ils bientôt la perdre ?