Après avoir terminé El odio, le livre de Luisgé Martin sur José Bretón, on ressent une certaine répulsion. Ce sentiment provient non seulement du portrait d'un criminel odieux, mais aussi de l'incertitude sur les intentions de l'auteur. Bien que son projet ait été clair, les conséquences sont désagréables.
L'idée de Martin de s'inspirer de figures comme Capote ou Carrère l'a toujours fasciné. Il souhaitait explorer le cœur d'un assassin pour comprendre la frontière entre la bondé et la vile. Cette ambition lui est venue en 2011, peu après le double meurtre, mais il n'a contacté Bretón qu'en 2021.
Lors de leur échange, Bretón a exprimé son enthousiasme pour le projet de Martin. Pourtant, cette démarche soulève des questions éthiques, notamment sur la manière dont le business des true crimes peut entrer en conflit avec l'honneur des victimes.
La première partie du livre, intitulée Autoportrait de José Bretón, est la moins convaincante. Martin présente un Bretón banal, en proie à des complexes et à des relations amoureuses éphémères. Ce portrait ne parvient pas à anticiper l'horreur qui suivra.
Le récit de Bretón sur sa vie familiale se heurte à la réalité décrite par Ruth Ortiz, la mère des enfants. Elle a dénoncé un maltraitant, affirmant que Bretón était jaloux et possessif. Ces contradictions soulignent la complexité de son personnage.
La deuxième partie, Le crime, est la plus percutante. Martin relate les événements tragiques du 7 octobre 2011, où Bretón a tué ses enfants. Ce récit, basé sur un rapport policier, est glaçant et captivant à la fois.
Les détails de l'assassinat sont terrifiants. Bretón a utilisé des somnifères pour tuer ses enfants avant de se débarrasser de leurs corps. Malgré ses tentatives pour se faire passer pour une victime, la vérité a fini par éclater, entraînant sa condamnation.
La troisième partie du livre décrit la rencontre entre Martin et Bretón en prison. Pour la première fois, Bretón avoue son crime, affirmant qu'il est sûr que ses enfants n'ont pas souffert. Cette déclaration choque et interroge.
Les conséquences de cette rencontre sont profondes. Anagrama, l'éditeur, a suspendu la publication du livre en raison des répercussions légales possibles. Ruth Ortiz a dénoncé Martin comme "la plume du diable", une accusation qui soulève des questions sur la responsabilité des auteurs.
En fin de compte, El odio soulève des interrogations sur la moralité de traiter des sujets aussi sensibles. La fascination de Martin pour Bretón ne doit pas occulter la douleur des victimes. Ruth Ortiz a raison de s'inquiéter des conséquences de cette publication. La liberté d'expression doit être équilibrée avec le respect des victimes et de leurs familles.