Le ministre de la Justice italien, Carlo Nordio, a annoncé que Rome n'avait d'autre choix que de libérer un suspect de crimes de guerre libyen en raison d'erreurs dans le mandat d'arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI). Osama Almasri Najim, responsable de la police judiciaire en Libye, a été arrêté à Turin le 19 janvier, mais a été libéré deux jours plus tard.
Najim est accusé de meurtres, de viols et de tortures liés à son rôle au centre de détention de Mitiga à Tripoli. Sa libération a suscité une condamnation de la part des partis d'opposition et des ONG. Nordio a déclaré que le mandat était truffé d'inexactitudes et d'omissions, ce qui a rendu impossible le maintien de Najim en détention.
Le ministre de l'Intérieur, Matteo Piantedosi, a affirmé que Najim avait été expulsé car il représentait un risque pour la sécurité nationale. Des images diffusées par les médias libyens montrent une foule en liesse accueillant Najim à son retour en Libye. La CPI a demandé des explications aux autorités italiennes.
Elly Schlein, leader du Parti démocrate, a accusé Nordio de parler non pas en tant que ministre, mais comme un avocat de la défense pour un tortionnaire. La semaine dernière, la Première ministre Giorgia Meloni a révélé qu'elle faisait l'objet d'une enquête en lien avec la libération de Najim, ce qui a provoqué des tensions au sein du gouvernement.
David Yambio, un jeune homme du Soudan du Sud, a déclaré que l'Italie était complice des atrocités commises en Libye. Il a rencontré Najim après avoir été intercepté en mer et renvoyé en Libye. Yambio a été contraint de rejoindre une milice puis a fini au centre de détention de Mitiga, où il a subi des mois de torture.
Il a exprimé son indignation face à la libération de celui qu'il considère comme son tortionnaire, affirmant :
« L'injustice que nous avons subie est claire. »
Yambio et d'autres survivants ont appelé à la fin de l'accord migratoire entre l'Italie et la Libye.
En tant que signataire de la CPI, l'Italie est légalement tenue d'exécuter les mandats de la cour. Cependant, la décision de libérer Najim pourrait être influencée par les liens politiques et commerciaux de l'Italie avec la Libye. En 2017, un accord a été conclu pour que l'Italie finance la garde côtière libyenne afin d'intercepter les migrants.
Cette politique a été critiquée par de nombreuses ONG, qui affirment qu'elle expose les migrants à des conditions terribles dans les centres de détention libyens. La situation actuelle a dominé les titres de la presse italienne, mais il est peu probable que l'enquête sur Meloni et ses ministres ait des conséquences significatives.
La libération d'Osama Najim soulève des questions cruciales sur la responsabilité de l'Italie face aux violations des droits humains en Libye. Les survivants des atrocités qu'il est accusé d'avoir commises vivent un profond sentiment de trahison. La situation met en lumière les tensions entre la politique migratoire italienne et les droits des migrants.