Il n'est pas facile pour une multinationale d'une valeur boursière de près de 200 000 millions de reconnaître une erreur interne. C'est pourtant ce qu'a dû faire Nestlé, le leader mondial de l'alimentation, avec le licenciement rapide de son PDG, Laurent Freixe. Cette situation a été exacerbée par une enquête désagréable dirigée par Pablo Isla, ancien président d'Inditex.
Une enquête interne avait été lancée pour déterminer si Freixe avait eu une relation inappropriée avec une subordonnée. Bien que Nestlé ne prohibe pas les relations entre supérieurs et subordonnés, elle exige de ne pas les cacher. Les informations continuant d'affluer par le biais du canal interne de dénonciation ont conduit à une investigation plus approfondie.
Après près de 40 ans de carrière chez Nestlé, le sort de Freixe a été scellé pendant les vacances. Les employés, voyant que l'enquête initiale aboutissait à rien, ont envoyé des dénonciations supplémentaires. Cela a incité le conseil d'administration à mener une enquête plus sérieuse sous la direction d'Isla et Paul Bulcke.
Une firme externe a été engagée pour réaliser une enquête forensic, accédant à des e-mails et menant des entretiens avec des dirigeants. En un peu plus d'un mois, les résultats étaient clairs : Freixe avait caché une relation qui constituait un conflit d'intérêt, enfreignant le code de conduite de l'entreprise.
Suite à ces révélations, Nestlé a annoncé le licenciement de Freixe et la nomination de Philippe Navratil, reconnu pour son succès avec la marque Nespresso. La subordonnée impliquée a également quitté le groupe. Ce changement de direction a d'abord provoqué une chute de plus de 3% des actions de Nestlé.
Cependant, la réaction du marché s'est rapidement stabilisée, attribuant de la crédibilité à Navratil et reconnaissant la rapidité avec laquelle Nestlé a géré le scandale. Finalement, la chute des actions a été limitée à moins de 1%.
La commission de nominations de Nestlé travaillait déjà sur des noms de successeurs pour Freixe. Navratil, âgé de 49 ans, était en tête des candidats. Ce scandale survient dans un contexte de déclin perçu de cette emblématique multinationale, aggravé par les tarifs douaniers imposés par Donald Trump.
Pablo Isla, qui présidera Nestlé dans sept mois, a joué un rôle clé dans cette enquête. Son implication assure une bonne collaboration avec Navratil lorsque ce dernier prendra ses fonctions. Isla a rejoint le conseil d'administration de Nestlé en 2018 et a progressivement accru ses responsabilités, devenant vice-président en 2024.
La situation chez Nestlé illustre les défis auxquels font face les grandes entreprises. Le licenciement de Laurent Freixe souligne l'importance de la transparence et de l'éthique dans la direction d'une multinationale. Avec la nomination de Philippe Navratil et l'arrivée prochaine de Pablo Isla à la présidence, l'avenir de Nestlé pourrait prendre un nouveau tournant.